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Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 82.djvu/542

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ce que nous appelons la seconde réponse, la réponse autrichienne, aux questions posées par les Tchèques.

La troisième est plus importante encore, c’est la réponse hongroise. Les réclamations des Tchèques ont trouvé des avocats illustres même parmi ces Magyars si héroïques, si intéressans quand ils combattent pour leur liberté, si arrogans et si oublieux de la justice à l’heure de la victoire. Le comte Széchenyi, qui connaissait bien ses compatriotes, leur a dit plus d’une fois : « Défiez-vous de vos dispositions altières, gardez-vous de méconnaître le droit des Slaves. » C’est aussi ce que leur disait M. Edgar Quinet, si sympathique pourtant à leurs libertés, lorsque dans son poème de Merlin, décrivant le réveil des nations affranchies, il s’écriait en conseiller austère : « Est-ce toi qui devances les autres, ô Hongrie, dont les chevaux effarés respirent encore la mort? Prends pitié de ceux que tu as foulés trop longtemps, et vois comme ils sont prêts encore à te haïr. Ne les fais pas repentir d’avoir pleuré sur toi. » Ne semble-t-il pas que ces conseils aient été entendus? Voilà des Hongrois, et non pas les premiers venus, voilà des chefs de parti, des personnages considérables, qui prennent fait et cause pour les Slaves de Bohême contre leurs détracteurs. Au mois de mars dernier, dans une lettre adressée à un journal de Pesth, l’ancien dictateur de la Hongrie, M. Louis Kossuth, écrivait :


« On me répète toujours que les tendances des Tchèques sont du pur panslavisme et qu’il les faut étouffer à tout prix. Ce n’est pas mon opinion. Les Tchèques veulent être une nation, et non un appendice de l’Autriche réduite, une province cisleithanienne. La nation bohème, qui fut jadis le premier champion de la liberté de conscience en Europe, qui a souffert pour cette liberté plus qu’aucun autre peuple, une telle nation a bien le droit d’être traitée en nation, de diriger elle-même ses affaires, de décider de son sort; ce droit qu’elle réclame n’est pas d’un grain plus petit que le droit de la nation magyare. Je dis beaucoup en parlant de la sorte, mais je dis la vérité. Non, les tendances de ce peuple ne sont pas panslavistes. Elles ne pourraient le devenir que dans le cas où les organes du parti régnant en Autriche, au lieu de condamner le système qui tend à l’annihilation des Tchèques, approuveraient les mesures par lesquelles le gouvernement cisleithanien s’efforce d’étouffer les justes demandes de la Bohême. »


Enfin, pendant que les journaux hongrois ne cessent de pousser le ministère cisleithanien à réprimer l’opposition des Slaves, un publiciste éminent, M. le comte Nicolas Bethlen, rédacteur en chef de la