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chandise ; si tu veux vendre ta vache, tu cesses de la traire plusieurs jours d’avance, afin que les mamelles gonflées promettent des flots de lait; si tu dois vendre au poids ton chanvre ou ta filasse, tu les laisses sur la terre exposés à la rosée nocturne, pour qu’ils se chargent d’humidité ; toi, maréchal ferrant, en ferrant les chevaux, tu les blesses afin de les rendre boiteux et de les faire vendre à vil prix à un confrère; toi, orfèvre ou changeur du grand pont, tu te ligues avec tes confrères pour avilir la monnaie et dépouiller ainsi le passant ou le voyageur; toi, boucher, tu souffles ta viande, tu introduis du sang de porc dans tes poissons pourris; toi, marchand de grains, tu accapares les denrées, et tu les recèles dans tes greniers pour faire venir la disette et la cherté, mais Dieu te punit en t’envoyant le beau temps, et tu finiras par te pendre sur tes monceaux de grains; toi, marchand d’étoiles, tu as une aune pour acheter et une autre pour vendre, mais le diable en a une troisième avec laquelle il t’aulnera les costez., » Nous en passons, et des meilleurs; ne se croirait-on pas en police correctionnelle ?

Ailleurs l’orateur sacré tonne contre le luxe. Il ne se contente pas de déplorer vaguement qu’on perde en futilités l’argent dont manquent les aumônes : il nous décrit minutieusement ce luxe qu’il condamne. Écoutez ce portrait d’une petite maîtresse en 1273, d’une « de ces femmes parées qui sont l’instrument du diable. » — « En l’apercevant, ne la prendrait-on pas pour un chevalier se rendant à la Table-Ronde? Elle est si bien équipée de la tête aux pieds ! Regardez ses pieds, sa chaussure est si étroite ! regardez sa taille, c’est pis encore ; elle serre ses entrailles avec une ceinture de soie, d’or et d’argent, telle que Jésus-Christ ni sa bienheureuse mère, qui était pourtant de sang royal, n’en ont jamais porté. Levez les yeux vers sa tête, c’est là que se voient les insignes de l’enfer : ce sont des cornes, ce sont des cheveux morts, ce sont des figures de diables !... Elle ne craint pas de se mettre sur la tête les cheveux d’une personne qui est peut-être dans l’enfer ou dans le purgatoire, et dont elle ne voudrait pas pour tout l’or du monde partager une seule nuit la couche ! » — Nil sub sole novi ! Les faux chignons et les larges ceintures datent de loin; de loin aussi le privilège qu’a Paris de donner le ton et de servir de théâtre à toutes les extravagances nouvelles de la mode, car le prédicateur ajoute : « C’est à Paris surtout que règnent ces abus, c’est là qu’on voit des femmes courir par la ville toutes décolletées, toutes espoitrinées; quelle guerre celles-là font à Dieu ! » Et pour compléter le tableau, voici les fards, le maquillage, tout l’attirail qui sert à se faire le visage; voici les drogues pour blanchir la peau, mais qui enlèvent la peau avec la noirceur; voici les onguens, les par-