limite d’âge, fixée dans ce cas à soixante-quinze ans, lorsqu’ ayant ainsi consacré cinquante années de leur existence à prononcer sur des différends où des fortunes immenses étaient en jeu ils prennent enfin leur retraite et rentrent dans la vie privée, ils se retirent avec une pension de 6,000 francs, pension à peine suffisante pour subvenir aux besoins de la vieillesse, souvent alourdie par des infirmités.
Tout individu inculpé de crime ou de délit et détenu au dépôt de la préfecture de police est conduit dans les vingt-quatre heures qui suivent son arrestation au petit parquet, pour y être interrogé par un des deux substituts du procureur impérial qui y sont quotidiennement de service, et au besoin par un juge d’instruction, si la cause offre quelque obscurité. Le petit parquet est situé dans un renfoncement, tout à côté de la Sainte-Chapelle, qui projette une ombre froide sur tout ce qui l’environne. Les chambres fort étroites et très mal éclairées où se tiennent les magistrats de la première information ressemblent à des caves. C’est la misère humide et glaciale. Le papier, un horrible papier de tenture à raies verdâtres, moisi, piqué par les efflorescences de salpêtre, se détache des murailles toujours mouillées. On y grelotte en plein été, et il faut un certain courage, à ne rien dire de plus, pour loger là des hommes chargés de rendre la justice; des inspecteurs de prisons trouveraient certainement ces lieux trop malsains, et ne permettraient pas qu’on y enfermât des condamnés. Un couloir tellement sombre que le gaz n’y est jamais éteint contient les détenus qu’on doit interroger et les gardes de Paris qui les accompagnent. C’est entre le dépôt et le petit parquet une navette incessante ; de l’un à l’autre conduit un corridor où les dalles sont usées par le va-et-vient perpétuel; un poste de vingt hommes commandés par un brigadier fait ce service, qui, sans être fatigant, ne laisse cependant pas une minute de repos. Au fur et à mesure que les inculpés arrivent, ils sont introduits, chacun d’eux escorté par un gendarme, auprès du substitut. Celui-ci, ayant devant lui une vaste table couverte de dossiers et où un greffier a pris place, les interroge. Les pièces envoyées par la préfecture, les procès-verbaux des commissaires de police, le relevé des sommiers judiciaires, ont appris déjà au magistrat à qui il a affaire. Il connaît non-seulement l’état-civil de l’individu, mais ses antécédens et le fait qui lui est reproché.
Le pouvoir confié aux magistrats du petit parquet est considérable, il a même un côté discrétionnaire dont on pourrait facile-