auxquelles nul ne peut toucher, car les recherches sont sévèrement interdites aux greffes du Palais. Bien des énigmes ont là leur solution perdue dans le fatras des dossiers; bien des pièces autographes et curieuses sont annexées aux mémoires à consulter; bien des lettres de hauts personnages sont mêlées aux requêtes grossoyées. Est-ce que tout cela restera éternellement enfoui dans les combles du Palais de Justice, et les archives de l’empire ne devraient-elles pas rendre à l’étude et mettre en circulation tant de documens inédits, inconnus et intéressans?
J’ai essayé de raconter les rapports qui existent entre la justice et les coupables, limitant mon étude à la cour d’assises, afin de mieux mesurer la profondeur de l’abîme que la loi a franchi depuis la révolution française. Aujourd’hui, grâce à des formes très lentes, — Thémis est boiteuse, disaient les anciens, — grâce à de minutieuses prescriptions, grâce aux garanties qui à l’audience entourent l’accusé, grâce au fonctionnement régulier et obligatoire du jury, grâce à la probité des magistrats et aux progrès incessans de la médecine légale, la justice offre chez nous toutes les conditions de sécurité désirables. Est-ce à dire pour cela qu’on ne commette point d’erreurs judiciaires? Non pas. Des exemples restés dans toutes les mémoires prouvent que les magistrats et les jurés sont des hommes, et que, malgré la ferme volonté de bien faire, il est dans la nature humaine de se tromper; mais on peut affirmer que le nombre de ces erreurs, déjà peu fréquentes, tend chaque jour à se restreindre encore. L’ensemble de nos lois pénales et d’instruction criminelle est bon; ce serait exagérer que de le déclarer parfait. Nos codes seront améliorés, il n’en faut point douter; on en a déjà arraché les feuillets où étaient inscrits les sinistres articles de la marque et de l’exposition publique; d’autres peines trop violentes et disproportionnées iront rejoindre le fer rouge et le carcan. Toute génération doit travailler à donner de la justice une idée plus haute et plus abstraite, à prouver que la modération des châtimens amène l’adoucissement des mœurs, et à faire triompher ces nobles principes d’équité qui sont la gloire d’une nation; espérons que la nôtre ne faillira point à ce grand devoir.
MAXIME DU CAMP.