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100. Enfin, quelque temps avant l’année 1848, lorsque par le concours des mines d’or de la Russie elle atteignit de 400 à 450 millions par an, elle n’égale encore que 1 1/4 pour 100 des quantités amassées déjà. Depuis le commencement du siècle, la production est évaluée à 8 ou 10 milliards, et tout le monde reconnaît qu’elle a été à peine suffisante pour faire face aux besoins; elle ne nous a pas empêchés d’éprouver de graves embarras monétaires et d’être obligés en 1847 de recourir à l’assistance de l’empereur de Russie pour une cinquantaine de millions. Il est certain aussi qu’aux environs de la révolution de février les métaux précieux avaient plutôt acquis que perdu de leur valeur. Tels sont les précédens de la question; ils serviront à faire mieux apprécier la situation présente.


II.

Quand on étudie les époques antérieures à 1848 et surtout celles qui ont précédé le commencement du siècle, on regrette de n’avoir que des renseignemens peu précis et très incomplets. On regrette par exemple que les séries de prix à consulter ne s’appliquent guère qu’à une seule denrée, le blé, bien que cette denrée, je le répète, soit le meilleur élément pour mesurer la valeur des métaux précieux. On aurait aimé à la rapprocher d’autres marchandises courantes, du taux des salaires notamment; on saurait comment à travers les siècles le progrès s’était fait dans tout ce qui touche aux besoins matériels de l’homme, quelles étaient les choses dont les prix avaient le plus baissé, celles au contraire où ils avaient toujours monté, et pour quelles raisons. On n’éprouve pas le même embarras ni les mêmes difficultés pour les études à faire à partir de 1849, depuis la découverte des nouvelles mines de la Californie et de l’Australie. Ici les documens abondent, et ils ont toute la précision désirable. On est parfaitement renseigné sur la variation des prix d’un grand nombre de marchandises, sur la quantité de métaux précieux fournis annuellement par les mines et aussi sur le progrès de la richesse publique dans le même temps. On a donc tous les élémens d’information; malheureusement le champ de l’observation est trop restreint. On peut bien, quand on a devant soi le cours des siècles, dégager les influences exceptionnelles, mettre de côté les années de mauvaise récolte, celles qui ont été troublées par la guerre, par les révolutions, établir ensuite une moyenne sur les années normales, et voir ce qui revient à l’influence des métaux précieux. Il n’en est pas de même lorsque l’examen porte sur vingt années seulement, et qu’on est en face d’une période fort agitée.