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de métaux précieux contre 34 en 1848, ce qui représente une augmentation de 35 pour 100 en vingt ans, ou de 1 ¾ pour 100 par an. Nous avons vu que dans la seconde moitié du XVIIe siècle, à partir de 1640, et pendant tout le cours du XVIIIe où la production des métaux précieux avait été en totalité de 27 milliards, et l’augmentation annuelle de 1 1/2 pour 100, les progrès du commerce, les e :ïportations au dehors et les emplois industriels avaient suffi pour absorber ces augmentations ; on a même dit qu’aussitôt que la production vint à se ralentir, pendant la période des guerres de l’indépendance des colonies espagnoles, de 1816 à 1830, il y eut une gêne, et les prix en furent affectés. Il a donc fallu pendant cette longue période une augmentation annuelle de 1 1/2 pour 100 de numéraire pour répondre aux besoins. Quelques années avant 1848, l’or notamment, qui depuis le commencement du siècle s’était accru dans la proportion de 58 pour 100, était tellement rare qu’il faisait prime. Quels sont les besoins d’à présent ? Là est la question.

Nous ne voulons pas faire de comparaison avec le XVIIe siècle. Qui peut douter qu’aujourd’hui le mouvement des affaires ne soit tout autre qu’aux XVIIe et XVIIIe siècles ? La comparaison n’est possible et intéressante qu’entre la situation présente et celle des années qui ont précédé 1848. De 1840 à 1852, en Angleterre, l’importation des produits extérieurs monte par tête de 60 shillings 6 deniers à 82 shillings, soit de 30 pour 100. En 18ti2, dix ans après, elle atteignait 154 shillings avec une augmentation de 100 pour 100. Les résultats en France sont plus étonnans encore. Le commerce extérieur représentait par tête 49 fr. 50 en 1827, 73,94 en 1847, 211 fr. en 1867, c’est-à-dire que l’augmentation, qui avait été de 47 pour 100 dans la première période de vingt ans, s’est élevée à 185 pour 100 dans la seconde. Si on juge maintenant du commerce intérieur par les opérations de la Banque de France, il a presque quadruplé depuis 1848 ; il eut passé du chiffre de 2 milliards 705 millions en 1847 à celui de 8 milliards en 1866, lorsqu’il avait à peine doublé depuis 1827. Ces exemples, que nous pourrions multiplier, prouvent qu’il n’y a rien de comparable entre les deux époques. Si la production des métaux précieux est devenue tout à coup plus considérable, les affaires se sont accrues d’une manière plus rapide encore, elles quadruplaient pendant que le stock métallique n’augmentait que de 35 pour 100. Il y avait donc place pour l’absorption de ces métaux à mesure qu’ils sortaient des mines, et, sans le développement prodigieux et simultané qui a été donné au crédit, ils n’auraient pas suffi. Les règlemens de comptes se font aujourd’hui en Angleterre au moyen de viremens dans les clearing houses. Ce sont des établissemens où se rendent tous les jours, à certaines heures, les com-