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Allemagne, l’étudiant, au commencement de chaque semestre, choisit les cours qu’il lui convient de suivre. Il va s’inscrire au secrétariat en payant pour chacun d’eux une rétribution spéciale, dont le taux varie au gré du professeur. Les règlemens se bornent à fixer un minimum, et la manière, dont celui-ci est établi montre bien cette tendance constante de l’université, allemande de toujours rendre à chacun selon ses œuvres. Le minimum à payer par l’élève pour un cours semestriel est d’autant d’unités monétaires que le professeur fait de leçons par semaine. Fait-il cinq leçons, ce qui n’est pas rare, la rétribution est de 5 florins en Autriche, en Prusse de 5 thalers. Le professeur touche intégralement la rétribution ; mais elle est payée au secrétariat de la faculté, ce qui évite tout froissement, tout embarras. Le professeur, par ce revenu qu’il tire des étudians, est intéressé à faire beaucoup de leçons afin d’élever le minimum, et à les faire bonnes afin d’avoir beaucoup d’auditeurs. Par cette partie de son traitement qu’il touche de l’état, il est assuré contre la maladie et la vieillesse. Il n’y a point de retraite ; le titre de professeur est à vie. Quand les infirmités sont venues, le professeur se repose. Grâce aux professeurs extraordinaires, grâce aux privat-docenten, l’enseignement n’en souffre pas.

« L’université a pour mission, disent les règlements prussiens, de donner par des cours et d’autres exercices académiques l’instruction générale, scientifique et littéraire, aux jeunes gens convenablement préparés, par les études élémentaires, elle doit les mettre à même d’aborder avec des capacités suffisantes les diverses branches de service de l’état et de l’église, ainsi que toutes les professions qui exigent une éducation scientifique supérieure. » Ce n’est pas évidemment avec le petit noyau de ses professeurs, ordinaires que l’université peut suffire, à un tel programme. C’est ici qu’interviennent les professeurs extraordinaires et les privat-docenten. A Berlin, pour vingt-sept professeurs ordinaires à la faculté : de philosophie, il y a trente-trois professeurs extraordinaires. Le nombre de ceux-ci n’est jamais limité. Il dépend des ressources que l’université possède ou que le gouvernement met à sa disposition. La faculté trouve-t-elle qu’une branche importante ou nouvelle des sciences n’est pas représentée, comme il convient dans son enseignement, elle nomme pour combler la lacune, un professeur extraordinaire, ou encore elle donne ce titre à un homme de mérite qu’elle veut retenir en attendant qu’elle puisse se l’attacher de plus près. Les professeurs extraordinaires sont nommés par le ministre sur la proposition de la faculté. Leurs fonctions, sont à vie. Souvent ils n’ont d’autre traitement que la rétribution scolaire, dont ils fixent eux-mêmes le montant comme les autres professeurs. Par exception, un traitement fixe peut être alloué à ceux dont le cours n’est pas de nature à attirer beaucoup d’élèves.