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payer que le minimum de la rétribution scolaire. Ce sont les plus nombreux. Les autres sont, si l’on veut, des espèces de conférences ou de véritables répétitions dont le prix est parfois élevé, mais qui n’en figurent pas moins au programme officiel et sont faites souvent dans les amphithéâtres de l’université. Ils roulent en général sur un point très spécial, ou sont d’une portée plus pratique ; parfois c’est en réalité un second enseignement. Tel professe la météorologie dans un de ses cours, et dans l’autre la physique expérimentale. Bopp faisait ses leçons publiée sur le sanscrit et ses leçons privatim sur les grammaires grecque, latine et allemande comparées.

On attache en général fort peu d’importance à la forme. Les leçons n’ont aucune prétention oratoire. Les professeurs n’ont d’autre soin que d’être compris. Quelques-uns ont parfois essayé dans les grandes villes de rompre avec l’antique simplicité académique en appelant à eux le public du dehors. Nous avons suivi à Berlin une tentative de ce genre faite par le physiologiste Du Bois-Reymond. Dans le grand amphithéâtre de l’université, qui ne contient cependant pas plus de 360 places, un soir de chaque semaine la population berlinoise s’entassait. Fort peu d’étudians ; c’étaient la plupart des hommes d’un certain âge, amateurs de sciences, anciens élèves de l’université, qui n’étaient pas fâchés de revoir ces murs témoins des études de leur jeunesse. M. Du Bois-Reymond lisait sa leçon, qu’il essayait de rendre éloquente. Elle roulait sur les plus récens progrès accomplis dans les sciences biologiques ; génération spontanée, antiquité de l’homme, paléontologie, tout y passait. Cette manière, dont les conférences de la Sorbonne peuvent donner une idée, sauf qu’il n’y avait point de dames et qu’on n’y faisait aucune expérience pour le plaisir des yeux, était trop contraire aux vieux usages universitaires pour ne pas exciter quelques petites jalousies. Avec un peu de malice, les étudians, à voir l’éminent physiologiste disserter ainsi de toutes choses, disaient qu’il visait à la succession de Humboldt. Ils disaient aussi que ces leçons, faites devant un public d’amateurs, n’étaient d’aucune utilité pour le progrès des sciences, et que M. Du Bois-Reymond eût mieux fait de laisser le soin de les vulgariser à ceux qui n’avaient point, comme lui, l’honneur de les avoir fait avancer.

Nulle part on ne trouve en Allemagne de grands amphithéâtres, comme à Paris et dans quelques villes de province. Les salles de leçons sont petites, souvent mal disposées, mal éclairées. Les personnes qui ont autrefois suivi les cours de l’école des langues, quand ils se faisaient à la Bibliothèque, auront une idée de ce que sont les amphithéâtres dans la plupart des universités d’outre-Rhin. A la rigueur, le premier coin venu est bon. M. de Siebold, à Munich, professe dans les combles du musée. Le sujet toujours très spécial des leçons, le petit nombre d’étudians qui les suivent, établissent