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s’affranchir sous aucun prétexte, comme rendant au centuple ce qu’ils coûtent. Ils les ont triplés pendant les cinq désastreuses années de la dernière guerre. C’est une maxime généralement adoptée que, chaque citoyen devant mettre au service du pays tous ses talens, le pays doit de son côté fournir à ses enfans les moyens d’acquérir la plus grande somme d’aptitudes.

L’initiative privée suffirait donc pour donner à l’enseignement populaire une large et puissante organisation ; mais la constitution, voyant dans l’éducation publique un grand intérêt national, a pris soin d’assurer au gouvernement central un droit de protection et de surveillance sur les écoles au moyen d’un fonds permanent destiné à les entretenir. Le budget des écoles publiques se compose de quatre sortes de revenus. Le premier provient de l’abandon fait à l’instruction publique du produit de la vente de la trente-sixième partie de tous les territoires dont le congrès peut disposer[1] ; le second résulte d’un boni de 200 millions de francs que présenta en 1835 le budget de l’état fédéral ; le troisième se compose du produit de 30,000 acres de terres, accordées, pour chacun des sénateurs et des représentans, dont le nombre est fixé par le census de 1860, aux états qui fonderont des collèges d’agriculture et d’arts mécaniques ; le quatrième enfin est fourni par les taxes locales que s’imposent les citoyens en proportion de leur fortune réelle. C’est le plus considérable, puisque les trois autres réunis ne constituent que la dixième partie de la somme totale employée annuellement pour le service des écoles publiques, somme que l’on ne peut évaluer à moins de 450 millions.

Gratuitement ouvertes à tous les enfans des deux sexes depuis cinq ans jusqu’à dix-huit, ces écoles publiques (common schools, free schools) embrassent notre enseignement primaire à tous les degrés, celui des a écoles réelles » d’Allemagne, l’enseignement secondaire spécial, organisé depuis peu en France, et une grande partie de l’enseignement de nos collèges et de nos lycées. L’élève passe successivement par tous les degrés de l’enseignement élémentaire ; l’école de grammaire, grammar-school, et l’école supérieure, high school, y ajoutent l’enseignement des langues anciennes, de la littérature, de l’histoire, de la géométrie, de l’algèbre, de la chimie, de la physique et de l’histoire naturelle. Celui qui a parcouru le cercle entier de ces études se trouve ainsi en possession d’une forte et complète éducation professionnelle, en même temps qu’il est suffisamment préparé, s’il aspire aux professions libérales et savantes, à l’enseignement des collèges et des universités.

  1. Ces territoires présentent une surface de 2,265,625 milles carrés.