Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 83.djvu/641

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’ÉCOLE TRANSFORMISTE
ET
SES DERNIERS TRAVAUX

I. Cours annexe de paléontologie professé à la Sorbonne en 1868-69, par M. Albert Gaudry. — II. Traité de paléontologie végétale ou la Flore du monde primitif dans les rapports avec les formations géologiques et la flore du monde actuel, par M. W. Ph. Schimper, Paris, 1869. — III. De la Variation des animaux et des plantes sous l’action de la domestication, par M. Charles Darwin, traduit de l’anglais par J.-J. Moulinié, 2 vol., Paris, 1868.


Une sorte de loi fatale condamne la plupart des idées nouvelles, même les plus vraies et les plus fécondes, à subir au début le choc de la contradiction. Elles puisent dans la lutte même la force qui paraît d’abord leur manquer, prennent corps et parviennent enfin à conquérir une place définitive. La doctrine de l’évolution ou du transformisme traverse en ce moment une période de ce genre ; les combats qu’on lui livre, loin de l’affaiblir, lui ont fourni l’occasion d’exposer au grand jour les principes qui la dirigent ; un penseur énergique, habile et profond a su condenser dans un livre devenu célèbre des aspirations jusque-là flottantes et arrêter les linéamens d’un puissant travail de synthèse. L’école dont il a été l’organe le plus retentissant a para même se personnifier en lui, comme l’indique le terme de darwinisme, appliqué souvent à l’ensemble des idées transformistes, mais qu’il est plus juste de restreindre à la série d’hypothèses à la fois hardies et ingénieuses dont le naturaliste anglais a été si prodigue.

Comprise dans un sens général, la théorie transformiste est loin