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Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 83.djvu/664

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diversités, bientôt fixées à l’aide d’une sélection systématique ; mais la tendance au retour partiel vers l’ancêtre commun ne subsiste pas moins : la livrée bleu ardoise et les barres transversales des ailes qui distinguent le biset reparaissent aisément chez tous les descendans transformés de cette espèce. Les mêmes effets de variation, de croisement et de réversion se retrouvent chez les races gallines, qui toutes paraissent avoir divergé d’un type unique, le gallus bankiva, espèce qui habite à l’état sauvage l’Inde septentrionale, l’Indo-Chine, et s’étend jusqu’aux Philippines et à Timor.

L’apparition d’un caractère ou d’une faculté ne constitue jamais chez les animaux un acte complètement indépendant ; les différens organes tendent à s’équilibrer et à réagir les uns sur les autres. C’est cette dépendance plus ou moins étroite, mais toujours réelle, des différentes parties de l’ensemble que M. Darwin appelle corrélation de croissance. Ainsi les membres antérieurs ne sauraient changer sans amener des changemens dans les postérieurs ; l’allongement des jambes produit ordinairement celui du cou et de la tête ; les parties dures, les cornes, les ongles, les appendices tégumentaires, se renforcent chez les animaux maigres et s’affaiblissent ensemble chez ceux où prédominent les parties molles. Si des animaux nous passons aux plantes, les mêmes lois générales se laissent reconnaître, mais dans d’autres limites et à l’aide de combinaisons en rapport avec la distance qui sépare les deux règnes.

La plante et surtout l’arbre ne sont pas composés, comme l’animal, d’un nombre rigoureusement déterminé de parties. L’individu végétal n’est, à proprement parler, que le support d’une réunion d’organes groupés d’une manière tantôt simultanée, tantôt successive, solidaires pourtant, puisque la sélection de l’homme ne saurait en transformer un sans influer sur les autres. La poire ne s’améliore point sans que le poirier lui-même ne prenne un autre aspect qu’à l’état sauvage. Il existe donc aussi chez les végétaux une véritable corrélation de croissance ; mais ce qui sépare surtout les plantes des animaux, c’est que chez elles les appareils sexuels ne sont ni uniques, ni permanens. Ce sont presque toujours des organes multiples qui se montrent pour accomplir leurs fonctions et disparaissent ensuite. Malgré cela, les qualités, les formes, les couleurs, les caractères de toute sorte et jusqu’aux nuances les plus fugitives se transmettent chez les végétaux. Quoiqu’en eux tout soit passif, la nature a varié à l’infini les moyens de croisement, soit en séparant les sexes, soit en employant les insectes aux opérations délicates du transport de la poussière fécondante, soit enfin par cette circonstance que les fleurs peuvent se féconder réciproquement.

A l’absence de mouvemens volontaires et par conséquent de