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Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 83.djvu/715

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on veut s’emparer. En étudiant son organisation anatomique, on aura la mesure de ses forces, de ses facultés, de ses besoins essentiels et par suite de ses mœurs. Or, dès qu’on connaît les mœurs d’un animal, quel qu’il soit, on a sur lui un grand avantage. Difficilement il se soustrait à nos recherches, à nos attaques. — La baleine fait partie de la classe des cétacés mammifères, vivant dans l’eau et respirant dans l’air. Elle appartient à la famille des souffleurs, qui se divisent en deux catégories principales, les souffleurs à fanons, généralement appelés baleines, et les souffleurs à dents, présentant un nombre considérable d’espèces, parmi lesquelles se trouve le cachalot. La longueur d’une baleine arrivée à son maximum de développement varie de 15 à 40 et 50 mètres, suivant son espèce. On prétend en avoir vu de 115 mètres dans les mers du Japon. Son plus grand diamètre est ordinairement du douzième de sa longueur. Sa tête rappelle la proue d’un navire cuirassé, elle va en s’élargissant jusqu’au corps auquel elle adhère, soit sans transition visible, comme dans la baleine franche, soit en accusant une légère dépression à l’endroit du cou, comme dans le nord-carper et plusieurs autres variétés. Le corps, arrondi comme une rave, va s’amincissant jusqu’à la queue, qui constitue l’organe de la locomotion, s’ouvre en éventail et mesure dans son déploiement le plus grand diamètre de la baleine. C’est là qu’aboutissent les muscles abdominaux. Quand la baleine veut se mouvoir, elle contracte tous ces muscles, se plie en segment de cercle, puis s’allonge tout d’un coup en raidissant les lobes de sa queue ; cette puissante nageoire repousse l’eau, et la masse est lancée en avant., On voit tout de suite qu’on est en présence d’un animal d’une force musculaire prodigieuse, et surtout d’un nageur extrêmement agile. Non-seulement la nature a voulu lui donner les meilleures conditions de vitesse en le faisant large à l’avant et effilé à l’arrière, mais elle a tenu à ce que son corps lisse ne fût embarrassé d’aucun organe de nature à ralentir sa marche dans l’eau. Quant à ses deux nageoires pectorales, elles ne sont d’aucune importance dans la locomotion ; elles servent uniquement à l’équilibre. Sans elles, la baleine ne pourrait pas se maintenir dans sa position naturelle, le plus grand poids se trouvant, comme chez tous les animaux, dans la région dorsale. C’est grâce à cet heureux organisme qu’elle peut atteindre une vitesse de quatorze à seize nœuds.

Une baleine ne peut rester sous l’eau plus de 40 à 45 minutes ; au bout de ce temps, sauf certains cas exceptionnels, elle est obligée de venir respirer l’air atmosphérique sous peine d’être asphyxiée. L’appareil respiratoire a été souvent fort mal décrit. Les tubes qui conduisent l’air aux poumons doivent naturellement aboutir à la