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Cette pièce est d’une grande importance pour qui veut se rendre compte de la situation actuelle de l’empire, car ce que réclament les Polonais est à peu près ce que demandent les Tchèques, et elle permet d’entrevoir quel serait le régime constitutionnel de la Cisleithanie, si le fédéralisme défendu par les Slaves venait à l’emporter. Voici les points principaux du programme galicien. Le Reichsrath reconnaîtra aux royaumes de Galicie et de Lodomerie, ainsi qu’au grand-duché de Cracovie, une autonomie nationale conforme aux besoins du pays. La diète galicienne décidera seule du mode d’élection des députés au Reichsrath. Ces députés ne prendront part aux travaux du Reichsrath que pour les affaires communes à ce royaume et aux autres parties de la monarchie représentées dans cette assemblée. Les affaires suivantes passeront dans le cercle des attributions de la diète galicienne, — les chambres de commerce et autres organes des intérêts matériels, les institutions de crédit, banques, caisses d’épargne, assurances, la législation de l’industrie et des redevances, l’enseignement à tous les degrés, le droit civil, le droit pénal, la police, la législation des mines, l’organisation du pouvoir judiciaire et du pouvoir administratif, la détermination de la façon dont doivent être exécutées les lois fondamentales en ce qui concerne les droits généraux des citoyens et l’action des pouvoirs exécutif et judiciaire établis par les lois de l’empire, le règlement des rapports de la Galicie avec les autres parties de la monarchie, l’organisation communale sans aucune restriction. — Les dépenses que nécessiteront la justice, les cultes, l’instruction, la police, l’administration, l’agriculture, seront couvertes au moyen d’un prélèvement opéré sur les revenus de l’état. Ce sera une somme proportionnée aux besoins réels du royaume, dont l’emploi sera contrôlé non par le Reichsrath, mais par la diète galicienne. La Galicie aura son tribunal suprême et sa cour de cassation, un ministère responsable envers la diète et un ministre dans le conseil de la couronne. — Tels sont les principaux articles du programme de 1868. Nous ne les discuterons pas en détail ; il nous suffira de faire remarquer que, s’ils acquéraient force de loi, ils entraveraient complètement la marche du gouvernement constitutionnel, déjà rendue si difficile par l’institution bizarre des délégations. Je prends seulement le dernier point de ce programme. Si les Polonais prétendent avoir un de leurs députés dans le ministère central, ils voudront bien admettre, j’imagine, que les autres parties de l’empire jouiront du même privilège. A côté du ministère galicien, il y aura donc nécessairement un représentant du Tyrol, de la Bohême, de l’archiduché d’Autriche, de la Styrie et Carinthie, de la Dalmatie. Quand il y a pleine liberté de choix, la formation d’un ministère est déjà l’une des grandes difficultés du régime parlementaire. Comment ce régime pourrait-il