Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 83.djvu/937

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’une cavité rectangulaire peu profonde. Ils ont été trouvés le plus souvent enfoncés dans le sol comme s’ils y étaient à poste fixe, les uns au dehors du bâtiment, à l’entrée de la cour, d’autres à l’intérieur et précisément dans celle des chambres où l’on a rencontré des ossemens de mouton. Un autre vase de même matière était très probablement un pressoir à huile. Il est creusé d’une cavité arrondie qui se rétrécit vers le fond, et présente un trou latéral destiné à l’écoulement du liquide. La partie intérieure est usée et presque polie par un frottement énergique. Dans certaines îles de l’archipel où l’industrie est peu avancée, les pressoirs à huile reproduisent cette disposition primitive.

La lave a fourni aussi la matière de plusieurs ustensiles non moins curieux, retrouvés avec les précédens dans les fouilles de Therasia. Nous citerons, par exemple, des meules à main dont on a recueilli plusieurs paires. Ce sont des blocs de lave hémisphériques que l’on a rencontrés presque toujours associés deux à deux. Les faces planes entre lesquelles avait lieu le broiement du grain sont usées, tandis que la surface convexe a conservé en partie ses rugosités. Ces petites meules n’ont guère plus de 20 centimètres de diamètre. Elles se manœuvrent facilement, et aujourd’hui encore, dans certains villages de l’île de Santorin, on se sert, pour la réduction du blé en farine, de meules qui ne diffèrent de celles-ci que par l’addition d’une poignée de bois enfoncée dans la meule supérieure, pour rendre la trituration plus facile.

D’autres objets en lave m’ont fort étonné lorsqu’ils ont été déterrés sous mes yeux, et peut-être l’usage auquel ils étaient destinés me fût-il resté inconnu, si les terrassiers qui travaillaient sous ma direction ne m’en eussent indiqué l’emploi, et si l’on ne m’eût montré à Santorin même des objets identiques. Ce sont des disques arrondis percés au centre d’un trou de la grosseur du doigt par lequel devait passer un lien flexible. Le lien a tracé en des points correspondans sur chacune des deux faces du disque une rainure déterminée par la position que prend le centre de gravité de l’objet quand il est ainsi suspendu. Des disques de pierre de même forme servent aux tisserands de l’archipel pour tendre sur le métier la trame de leurs tissus. Il est donc à peu près certain que tel était aussi l’emploi ordinaire des disques retrouvés dans les fouilles. On a rencontré en outre de nombreux blocs de lave irréguliers, mais dont les poids offraient des rapports simples. Ces blocs servaient évidemment aux pesées. Deux instrumens entièrement différens des précédens ont aussi été retrouvés avec eux ; ce sont deux outils en silex dont la forme est identique à celle de certains objets de même matière appartenant à l’âge de la pierre taillée et assez communs dans les col-