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lections archéologiques. L’un est une pointe de lance ou de flèche de forme triangulaire, l’autre est une petite scie ou grattoir dentelé dont les dents sont très régulières.

Des ossemens d’animaux passablement conservés gisaient dans une des pièces ; ils appartiennent à trois individus différens, trois ruminans (chèvre ou mouton). Enfin dans la plus grande des chambres, un squelette humain, en grande partie broyé par la chute du toit, a été retiré avec si peu de précautions que presque tous les os qui le composaient ont été détruits ou perdus. Cependant on a pu s’assurer de la position qu’il occupait. Il était dans un coin, replié sur lui-même, la tête rapprochée des pieds. L’une des jambes était étendue, l’autre croisée sur celle-ci. Cette posture suffirait seule pour montrer que l’édifice souterrain de Therasia n’était pas une sépulture. L’individu dont ce sont là les restes paraît avoir succombé subitement. Il a vraisemblablement été renversé et écrasé par l’effondrement de la toiture. Les pièces du squelette qui ont été conservées, la mâchoire inférieure et quelques os du bassin, indiquent un homme de moyenne taille, assez avancé en âge, car les os du bassin sont fortement soudés et les dents de la mâchoire sont usées par une longue mastication. Ces ossemens paraissent présenter les mêmes caractères ethnographiques que ceux des races qui habitent les îles de l’archipel.

La construction cylindrique, haute à peine de 1 mètre, qui se dresse à l’extrémité de la cour a donné lieu à bien des controverses. On a voulu y voir la margelle d’un puits ou d’une citerne ; mais la cavité interne semble s’arrêter à quelques décimètres de l’orifice supérieur, les fondations mises à nu extérieurement ont paru reposer sur un banc de lave continu, et enfin, en supposant ce banc de lave traversé par un étroit conduit qu’on n’aurait pas aperçu, on ne trouve au-dessous qu’une nappe de conglomérats incapable de retenir l’eau. Il faut donc renoncer à voir là l’orifice d’un réservoir d’eau souterrain. Maintenant était-ce la base d’un autel ou d’une construction d’un caractère religieux élevée à l’air libre ? C’est au moins ce que l’on peut supposer sans trop de hardiesse, si l’on considère la forme, les dimensions de ce petit monument précédé de deux marches, ainsi que la position particulière qu’il occupe à la partie la plus élevée du terrain dans un angle du mur qui se dévie tout exprès pour le contourner.

Les découvertes opérées à Therasia en ont amené d’autres du même genre à Santorin. La partie méridionale de cette île offre aux environs du village d’Acrotiri de profonds ravins creusés par les eaux pluviales ; or, dans l’un de ces ravins, sous une épaisseur de 3 à 4 mètres de cailloux roulés et d’alluvions terreuses, se trouve une