Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 83.djvu/939

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

couche d’environ 30 centimètres presque entièrement composée de poteries identiques pour la matière, la forme et le mode d’ornementation à celles qui ont été recueillies dans les fouilles de Therasia. Quelques heures de travail ont suffi pour permettre de retirer de cette couche un certain nombre de vases entiers et une quantité considérable de fragmens, dont quelques-uns ont pu être rapprochés, réunis et reconnus comme les parties d’un même objet. Tous les genres de poteries exhumés à Therasia ont été retrouvés dans le ravin d’Acrotiri. Ces poteries y ont été déposées à une époque évidemment postérieure à l’éruption qui a recouvert le sol de l’île, puisqu’elles se trouvent au-dessus du tuf ponceux vomi par le volcan. Quelques formes assez étranges dont on n’a rencontré que de rares débris à Therasia ont été ici retrouvées complètes. L’une des plus curieuses, dont deux exemplaires sont déposés à la collection de céramique du Conservatoire des arts et métiers, est une imitation singulière de la pose et de la conformation de la femme, ainsi que de ses ornemens habituels. Ces vases présentent en effet une partie antérieure renflée, une sorte de ventre surmonté d’un goulot étroit renversé en arrière. Le renflement antérieur porte en avant deux mamelons en saillie colorés en brun, entourés d’un cercle de points de même couleur. Deux cercles de points bruns entourent le goulot, et y représentent un double collier, et plus haut, de chaque côté, des pendans d’oreilles sont figurés par des bandes elliptiques concentriques colorées comme le reste de l’ornementation. Ces vases sont hauts de 18 à 25 centimètres. Un seul exemplaire en avait été trouvé à Therasia, et encore dans un état très imparfait de conservation. Enfin, dans le ravin d’Acrotiri, on a recueilli trois échantillons d’un ustensile en terre qui n’a pas été signalé dans l’autre gisement. Ce sont des entonnoirs très allongés, à parois épaisses, munis d’une petite anse et d’un rebord légèrement en saillie. Le ravin dans lequel ces trouvailles ont été faites offre des pans de murs qui pénètrent profondément dans le tuf ponceux, et qui, pour le mode de construction, paraissent ressembler beaucoup à ceux de Therasia.

Dans un autre ravin voisin du précédent, le tuf ponceux est tranché jusqu’à la base. Au-dessous de celui-ci, on distingue alors une couche très mince continue formée par de la cendre volcanique rougeâtre mélangée de débris végétaux carbonisés par un long enfouissement. Cette couche est identique à celle sur laquelle repose le tuf ponceux de Therasia. La position stratigraphique en est la même dans les deux îles, et l’on doit voir ici les restes de la terre végétale qui couvrait le sol avant le dépôt des ponces. On a recueilli dans cette couche plusieurs fragmens de vases, des instrumens en