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LA CRISE
DE
L’INDUSTRIE COTONNIÊRE
EN ANGLETERRE

L’industrie cotonnière dans la Grande-Bretagne est en proie à la plus cruelle anxiété. La cloche d’alarme sonne à toute volée dans l’opulent Lancashire. Les usines se ferment ou marchent à temps réduit; des milliers d’hommes sont inoccupés. A Preston, une des ruches les plus actives de cet admirable rucher, plus d’un quart des métiers que contient la ville (9,000 sur 32,000) était arrêté au commencement d’août 1869, 4,000 ne travaillaient que quatre jours par semaine, et en compte rond 5,000 individus se trouvaient sans ouvrage. Il en est de même dans toutes les laborieuses cités de cette terre classique de la filature. Une société qui s’est donné pour mission de veiller aux intérêts des fileurs, la Spinners and minders association, organise de vastes convois d’émigrans, et les États-Unis recueillent ainsi un grand nombre d’ouvriers rompus au travail des manufactures. Il n’est pas étonnant qu’un pareil état de choses ait suscité de vives alarmes, que la presse, le public, les corporations intéressées, se soient livrés à une enquête minutieuse et passionnée sur les motifs et la durée probable de cette stagnation des affaires. Une opinion très répandue de l’autre côté du détroit prétend que c’est là pour l’industrie anglaise une crise, une sorte de maladie aiguë dont l’apparition a été subite, dont les ravages ont été violens et rapides, mais qui cédera promptement. Un groupe ardent et qui