Le 10 mai 1869, jour même de l’inauguration du chemin du Pacifique, je quittai San-Francisco pour me rendre à New-York. Quelques amis m’avaient conseillé de suivre l’ancienne route pour continuer mon voyage, c’est-à-dire d’aller en bateau à vapeur à Panama, de traverser l’isthme en chemin de fer, et de reprendre la mer jusqu’à New-York ; mais j’avais entendu élever plus d’un reproche sérieux contre le service des bateaux à vapeur de cette ligne. Ils étaient d’ordinaire, disait-on, encombrés de passagers et de marchandises ; les repas y étaient mauvais, le service détestable, la saleté repoussante, surtout pour les personnes qui, comme moi, venaient de débarquer d’un des grands paquebots de l’Océan-Pacifique, véritables modèles de bonne tenue et de propreté ; sur tout le parcours d’ailleurs je ne rencontrerais que mauvaise compagnie, et la plus stricte surveillance ne suffirait probablement point à me défendre contre les voleurs de profession qui exploitaient les paquebots avec