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congrès, sont les faits nombreux apportés à la discussion et prouvant que les pays saxons continuent leur marche en avant. Des musées roulans de moulages reproduisant les chefs-d’œuvres antiques sont organisés en Amérique aux frais d’un particulier. Le musée de Kensington a en Angleterre adjoint à ses collections toujours accrues de superbes serres à l’usage des dessinateurs de fleurs naturelles. On annonce une exposition universelle qui s’ouvrira en 1871, du 1er mai au 30 septembre, et pour laquelle on construit un palais. Elle sera annuelle et accessible à toutes les nations. Une grande place y sera réservée aux beaux-arts ; les broderies, les étoffes, la céramique, n’y seront pas négligées. On ne distribuera ni prix ni médailles ; il y aura seulement des certificats constatant l’admission. Ajoutons avant de finir que l’Union centrale a profité de son exposition pour organiser des concours de dessin entre toutes les écoles de France. Elle a établi des prix de toute nature, pour l’imitation et pour la composition, pour les élèves et pour les maîtres, pour les modèles eux-mêmes. Trois de ces prix peuvent mériter aux lauréats de voyager aux frais de la vaillante association. Ils ne seront pas logés dans un palais, sous un climat doux et clément. Ils ne seront pas richement défrayés ; la somme des trois prix ne s’élève pas tout à fait à 3,000 francs. Ils iront en toute liberté, sans beaucoup de contrôle, en vrais pionniers de l’industrie. L’Union centrale pense que ces jeunes gens, arrivés à l’âge où ils savent ce qu’ils veulent, déjà fixés sur leur vocation, tireront profit de ce qu’ils verront, et rapporteront une ample moisson de croquis et de souvenirs. — Du reste, le nombre des envois pour le concours a été immense ; cela doit dérouter ceux qui n’y voudraient donner qu’une attention superficielle. Ce qui apparaît dans l’ensemble, c’est une écrasante supériorité des écoles de Paris, notamment des écoles d’hommes, la presque complète nullité de l’éducation d’art dans plus d’un lycée, et la tenue d’un certain rang par les écoles religieuses, dans les départemens comme ailleurs, grâce sans doute à une direction plus uniforme. En résumé une somme de travail énorme, et des résultats satisfaisans ; mais que d’efforts perdus, faute de savoir et de direction !

A peine mentionnerons-nous avant de finir l’exhibition des objets de l’Orient, Inde, Perse, Chine et Japon. Nous ne nous étendrons pas davantage, sur la belle collection de gravures, dans laquelle Albert Durer, Rembrandt, Van Dyck apparaissent avec tant d’éclat. Cela sort un peu du cadre que nous nous sommes proposé. Nous aimons mieux revenir sur le bon exemple donné par cette association, qui lutte de toutes ses forces et de toutes ses ressources contre l’un des retranchemens où se tient l’ignorance, cette cause de tant de déchiremens, de malentendus, de haines et de mépris