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Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 84.djvu/874

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de corps et d’âme ! De toutes parts se forment des associations qui entendent veiller au bien-être et au salut de l’armée. Ces associations, il faut que l’état les encourage et les utilise ; mais pour cela il faut qu’il leur donne un caractère public et qu’il les mette en rapport avec le département de la guerre et surtout avec le bureau médical. Le meilleur moyen d’assurer cette intervention du peuple, c’est d’instituer une commission sanitaire composée de simples citoyens, de médecins et d’officiers. Cette commission, nommée par le gouvernement, s’occupera de prévenir les maladies et d’alléger les souffrances des troupes, en même temps qu’elle recherchera et indiquera les meilleurs moyens de régulariser et d’utiliser tout ce que fera la nation pour le comfort, la sécurité et la santé de l’armée.

« Le département de la guerre, ajoutent les signataires de la lettre, ne doit pas ignorer que des commissions semblables ont été réunies après la guerre de Crimée et la guerre de l’Inde. La civilisation présente et l’humanité du peuple américain demandent qu’une commission semblable agisse avant notre seconde guerre de l’indépendance, guerre non moins sacrée que la première. Nous voulons prévenir les maux que l’Angleterre et la France n’ont pu que constater et déplorer. Dans la conduite de la guerre, on doit faire pour la santé, le bien-être et le salut de nos braves soldats tout ce que réclament la science, l’humanité, l’affection la plus tendre. Toute mesure prise en ce sens par le gouvernement sera éminemment populaire, elle le justifiera, elle ajoutera à sa gloire en Amérique et au dehors[1]. »


La lettre est appuyée par le chirurgien en chef de l’armée. Il sait que la vieille organisation ne peut suffire aux besoins nouveaux, et qu’une armée de volontaires exige des ménagemens particuliers. Le ministre de la guerre demande qu’on lui soumette le programme des pouvoirs réclamés par la future commission sanitaire- ; ce programme est remis le 23 mai. Il est à la fois très modéré et très hardi. La commission ne veut point une place dans l’administration, elle décline tout pouvoir légal, elle ne se croit appelée qu’à examiner l’état des choses et à donner son avis. Ce qu’il lui faut, c’est la reconnaissance officielle et l’appui moral du gouvernement, afin que rien ne gêne ses enquêtes, et qu’elle puisse correspondre et conférer confidentiellement avec le bureau médical. Encore moins demande-t-elle une indemnité pécuniaire, elle ne veut d’autre récompense que l’honneur de servir la patrie et l’humanité. Qu’on lui donne un local à Washington, dans un édifice public, avec quatre chaises et un bureau, elle se tient pour satisfaite. Sa seule ambition, c’est d’étudier la condition sanitaire de l’armée et de mettre au

  1. History of the sanitary Commission, p. 528.