verture du parlement. Un nouveau cabinet s’est formé sous la présidence de M. Lanza, avec M. Sella comme ministre des finances, M. Visconti Venosta comme ministre des affaires étrangères, le général Govone comme ministre de la guerre. Au fond, c’est un cabinet simplement libéral conservateur. Ce qui a déterminé ce changement à Florence, c’est moins une question de politique générale que la question financière, la plus grave il est vrai, la plus dangereuse pour l’Italie. Ce que M. Cambray-Digny, l’ancien ministre des finances, n’a pas pu réaliser, ou ce qu’on ne lui a pas laissé le temps de faire, M. Sella le fera-t-il ? Par-viendra-t-il à remettre en bon chemin les finances italiennes ? Le parlement florentin vient de se donner quelques semaines de vacances, après avoir voté le budget provisoire pour trois mois. Pendant ce temps, M. Sella pourra préparer ses plans et aligner ses chiffres. Il n’aura pas obtenu un médiocre résultat si, même avec des diminutions de dépenses et des augmentations d’impôts, il réduit le déficit à soixante-dix ou quatre-vingt millions. Ce n’est pas là sans doute une victoire des plus éclatantes sur laquelle on puisse s’endormir ; c’est du moins un acheminement heureux, un premier gage offert à l’esprit d’ordre et d’économie. Quant à l’Espagne, elle est plus que jamais à la recherche d’un roi, puisque le général Prim lui-même, malgré son assurance, est à peu près obligé aujourd’hui de désespérer de la candidature du duc de Gênes, que le nouveau cabinet italien ne favorisera certainement pas. En attendant, n’ayant rien de mieux à faire, l’assemblée constituante de Madrid passe son temps à instruire un procès rétrospectif contre la reine Isabelle à propos des diamans de la couronne qui auraient disparu. Que sont devenus ces diamans, où sont-ils ? On veut le savoir à tout prix ; c’est pour le moment le grand problème à Madrid. Nous ne méconnaissons pas l’importance de la question des diamans en Espagne, puisque la question des décorations a fait du bruit en Prusse et en Europe. Ce qui n’est pas douteux, c’est qu’un des premiers orateurs espagnols, un des mieux inspirés, M. Rios-Rosas, montrait un grand et sérieux esprit politique, en refusant de se perdre dans ces détails subalternes, en assurant qu’un pays qui a découronné une reine n’a point à chercher où sont les diamans, qu’une révolution qui dépossède une dynastie ne peut finir par un règlement de comptes ou une querelle de procureur. Le malheur est qu’en étalant toutes les misères monarchiques et en déconsidérant la royauté, l’Espagne ne parvient pas pour cela plus aisément à se donner les allures ou les mœurs républicaines.
Jusqu’ici il n’y a qu’un pays où ces mœurs se déploient dans leur force native, dans leur saine vigueur, c’est la république des États-Unis, et le message que le nouveau président, le général Grant, vient d’adresser au congrès est comme l’expression de cette virilité américaine. Le message du général Grant en effet est un exposé mâle et simple des affaires des États-Unis ; il n’y a aucune ornementation inutile, rien pour