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végétaux si répandus et néanmoins si peu connus encore intéressent à un haut degré l’hygiène. Les botanistes y trouveront la description détaillée des principales espèces de France, avec la synonymie complète et l’indication des auteurs qui s’en sont occupés. Les belles planches qui représentent les types caractéristiques des divers genres, dessinées d’après nature, se recommandent par une exécution remarquable.

Le Monde des fleurs, par M. Henri Lecoq, professeur à la faculté des sciences de Clermont-Ferrand, est plutôt un album qu’un livre de science populaire. Le texte y est étouffé par les vignettes, gravures sur acier et images de toutes sorte qui coupent les phrases, si elles ne remplissent pas les pages. A peine l’auteur nous a-t-il appris qu’il s’incline devant la majesté de la nature, que l’éditeur s’empresse d’illustrer cette pensée par deux arbres placés au bord d’une rivière, avec des vaches autour et un clocher à l’horizon ; suit-il seul la jolie route qui sépare Clermont d’Issoire, absorbé par l’admiration des fleurs qui, éveillées par les rayons de l’aurore, se tournent déjà vers l’astre matinal, vite on nous représente un voyageur seul, chargé d’un lourd havresac et la pipe à la bouche. Cette profusion d’images plus ou moins parlantes n’était certes pas indispensable pour faire accepter un livre signé d’un nom aussi connu et aussi estimé que celui de M. Lecoq, qui est compté au nombre des naturalistes français les plus distingués. L’auteur divise son ouvrage en vingt-six tableaux, dont le dernier, qui traite de la toilette et de la coquetterie des végétaux, est dédié « aux fleurs qui parlent » Il expose dans un langage poétique, peut-être même un peu trop poétique, les différentes phases de la vie des fleurs. Tout cela est très exact, mais gagnerait assurément à être présenté plus simplement.

Le livre de M. Frédéric de Tschudi sur le Monde des Alpes jouissait depuis longtemps d’une juste célébrité en Allemagne ; les faits nombreux et bien observés, les naïfs récits, les descriptions pittoresques qu’il renferme l’avaient rendu populaire, ce dont témoignent huit éditions successives. M. O. Bourrit l’a rendu accessible au public français par une traduction élégante et exacte. Le charme qui se dégage de la lecture de ce livre ne s’explique pas uniquement par la vivacité des récits, par l’originalité et le coloris des descriptions, il est dû aussi à l’attrait particulier qu’exerce, même à distance, ce monde mystérieux des montagnes, toujours isolé au milieu de la civilisation. La remuante population des villages ne s’avance guère avec ses troupeaux au-delà des premiers gradins ; elle lutte sans cesse contre les forces écrasantes qui défendent l’accès des hauteurs fréquentées par les chamois. Des massifs immenses qui n’ont encore jamais été foulés par le pied de l’homme élèvent jusqu’au ciel leurs pics silencieux entre lesquels se pressent les flots de glaciers inconnus. Plus d’une vallée se cache dans les anfractuosités des Alpes, à peine visitée par les chasseurs ou les chercheurs de plantes, moins connue peut-être que les îles de l’Océan ou les bords du Nil-Bleu.