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REVUE DES DEUX MONDES.

giné que le prestige de Mlle Nilsson allait suffire pour rendre inutile cet hiver, tout renouvellement de l’affiche. Dès la seconde représentation, l’événement est venu prouver le contraire ; aux empressemens de l’avant-veille, succédait déjà la plus brutale des indifférences, celle qui se traduit par des chiffres. Il est donc grand temps que Mlle  Nilsson songe à se pourvoir d’un nouveau rôle ; le public, après l’avoir fêtée comme il convient, veut passer à d’autres chansons. Cette belle Ophélie, avec ses glaïeuls et ses nénufars, on l’a vue assez, qu’elle aille au cloître, go to a nunnery, et laisse la maison libre à ses vrais hôtes. Il est question d’une importante reprise de Robert le Diable avec Mme Carvalho dans la princesse et Mlle Nilsson dans Alice. L’administration, qui n’a guère que quelques mois à profiter du talent de sa pensionnaire suédoise, s’était déjà mise à l’œuvre pendant son absence. Costumes et décors ont marché, la musique est à l’étude, il n’y a plus à reculer. Nous connaissons la brillante virtuose ; nous avons, Dieu merci ! assez encensé l’étoile, au tour de l’artiste maintenant. Être Alice, marquer à son empreinte, avant de nous quitter, un des grands rôles du répertoire, c’est bien le moins que Mlle Nilsson puisse faire pour ce public parisien qui l’a si galamment adoptée, pour ce beau théâtre de ses premiers triomphes, et finalement pour sa propre gloire.

f. de lagenevais.


ESSAIS ET NOTICES.

Letzte Gedichte und Gedanken, von H. Heine.


Vers la fin de sa vie, Henri Heine avait commencé de trier les manuscrits encore inédits qui devaient fournir la matière d’un dernier volume à publier après sa mort. Bien des choses furent détruites à cette occasion. Ce qui reste, — sauf les mémoires, — vient d’être publié par les soins de M. Adolphe Strodtmann, auteur d’une biographie d’Heine qui est justement appréciée en Allemagne. Ce sont des vers qui datent de toutes les époques de la vie du poète, des pensées détachées, des lettres, des brouillons qu’il a utilisés dans divers passages de ses œuvres, mais qui n’en sont pas moins curieux. Tout cela est très mêlé de véritables perles à côté d’ébauches informes. Voici quelques échantillons tirés de cette publication posthume :

pensées détachées.

Le dernier clair de lune du XVIIIe siècle et la première aurore du XIXe ont éclairé mon berceau.