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Je n’ai point lu Auffenberg. Je me figure qu’il doit être à peu prés comme d’Arlincourt, — que je n’ai pas lu non plus.


Nous avons cherché l’Inde matérielle, et nous avons trouvé l’Amérique. Maintenant nous cherchons l’Inde spirituelle ; que trouverons-nous ?…


Les Mahâbârata, les Ramayâna et les autres fragmens gigantesques, ce sont des ossemens de mammouth oubliés sur l’Himalaya.


A l’innocent poète qui tout à coup s’avise de se mêler de politique, je crierais comme cet enfant au berceau : — Père, ne mange pas de la cuisine de maman !


Je comparerais Thierry à Merlin. Il est enterré, vivant, le corps n’existe plus, la voix seule est restée. L’historien est toujours un Merlin, il est la voix d’un temps enseveli ; on l’interroge, il répond ; c’est un prophète qui regarde en arrière.


Les romantiques français d’aujourd’hui sont des dilettanti du christianisme. Ils se montent la tête pour l’église, sans être sincèrement attachés à son symbole. Ce sont des catholiques marrons.


Chez aucun peuple, la croyance à l’immortalité n’a été aussi vive que chez les Celtes. On aurait pu leur emprunter de l’argent avec promesse de le rendre dans l’autre monde. Nos usuriers chrétiens devraient les prendre pour modèles.


Les écrivains catholiques ont de bonnes armes de guerre, mais ils ne savent pas s’en servir. Comme les Chinois, ils ont des canons, de la poudre et des boulets ; mais tirer, c’est une autre affaire. Ce sont des enfans armés de grands sabres trop lourds pour eux, coiffés de casques qui leur écrasent la tête. Et les canons, comme ils sont inhabiles à les manier !


L’église romaine se méfie de ses séides modernes. Elle a peur que tel zélote, au lieu de baiser la mule, ne lui morde le pied, dans sa dévotion fanatique.


Où la femme finit, commencé le mauvais homme.


Que l’époux de Xantippe soit devenu un si grand philosophe, cela peut nous étonner. Avoir des idées près d’une femme qui crie ! Dans tous les cas, il lui a été impossible d’écrire ; Socrate n’a pas laissé un seul ouvrage.


La femme allemande est dangereuse à cause de son journal, qui peut tomber entre les mains du mari.