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composé de deux chambres; les membres de la chambre haute, nommés à vie, seraient en partie choisis par les deux rois, en partie élus par les diverses assemblées des trois royaumes, dont chacun enverrait un nombre égal de députés. Il n’en serait pas de même pour la chambre basse, dont les membres seraient élus en nombre proportionnel aux chiffres de population. Le parlement fédéral fixerait le budget commun pour les affaires étrangères, le contingent commun soit pour la marine, soit pour l’armée, et la contribution en argent due par chaque état. Les territoires de la monarchie danoise dépendant ou qui viendraient à dépendre de l’Allemagne ne feraient aucunement partie de la confédération nouvelle. Toutefois le gouvernement suédo-norvégien s’opposerait de toutes ses forces et par tous les moyens à ce que la partie danoise du Slesvig fût enlevée au Danemark. Il travaillerait de plus, lors de la conclusion de la paix, à ce que le Slesvig ou telle partie de ce duché qui ne retournerait pas à l’Allemagne devînt partie intégrante du Danemark propre. Enfin les deux dynasties royales de Suède-Norvège et de Danemark concluraient entre elles un traité de famille en vertu duquel les trois couronnes scandinaves parviendraient à se réunir sur une même tête.

Telles étaient les bases du projet touchant lequel le roi Charles XV désirait pressentir les dispositions du roi de Danemark et de son principal ministre, laissant à ceux-ci le soin d’engager à ce propos, s’ils le voulaient, des négociations officielles avec le cabinet de Stockholm, et les invitant à faire intervenir, s’ils le jugeaient utile, la considération de cette nouvelle alliance au milieu des conférences de Londres. Il appartenait au Danemark, suivant l’auteur de la proposition, de prendre officiellement ici l’initiative, puisque son propre danger avait été l’occasion de ce dessein; surtout on devait se souvenir qu’il était de toute nécessité de n’admettre dans l’union projetée aucun élément germanique. On aiderait le roi de Danemark à revendiquer seulement la moitié nord du duché de Slesvig, parce que les circonstances de la guerre donnaient à penser dès lors que le Slesvig ne pourrait être conservé tout entier; mais il faudrait que les territoires réunis fussent incorporés au reste de la monarchie danoise, de manière à laisser subsister moins que jamais les occasions pour l’Allemagne d’intervenir dans les affaires intérieures du nord.

Nous avons sous les yeux, sauf les lettres des deux rois, la correspondance inédite qui s’est échangée à ce sujet. Aux premières ouvertures, faites en dehors de toute voie constitutionnelle, on répond de Copenhague tout d’abord par un assentiment reconnaissant; M. Monrad, par exemple, écrit directement au roi de Suède le 28 avril :