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d’abord sous l’action du sentiment public soulevé contre les expéditions ruineuses du dehors et les abus de pouvoir au dedans, c’est aussi par suite des entreprises exagérées et des embarras financiers qu’a produits le régime administratif de la ville de Paris. Ce système, on l’avouera, n’était point fait pour donner aux contribuables toutes les garanties nécessaires. Le préfet de la Seine, nommé par le chef de l’état, présentait lui-même au choix du souverain les membres du conseil chargé de surveiller les actes de son administration. Le conseil d’état, la cour des comptes, les ministres eux-mêmes, n’ont pu modifier ou arrêter la gestion d’un fonctionnaire relevant de l’empereur seul, dont il passait auprès des uns pour exécuter fidèlement les ordres, tandis qu’il n’était pour les autres que l’exécuteur de ses volontés personnelles. Pendant dix-sept ans, il a marché ainsi, tantôt applaudi avec passion, plus souvent critiqué avec amertume, toujours impassible devant l’éloge ou le blâme. Il avait su prendre une telle situation que, lorsque le corps législatif fut appelé en 1869 à voter le dernier emprunt de la ville de Paris, et que la discussion eut fait ressortir à tous les yeux les vices et les dangers du système, c’est seulement sur une partie des attributions du préfet, sur le règlement du budget extraordinaire, qu’on osa porter la main. Toutefois cette première mesure a paru bientôt insuffisante, et l’une des premières préoccupations du ministère libéral de 1870 a été de donner immédiatement au conseil municipal les garanties durables de contrôle et d’indépendance qui lui sont absolument nécessaires. Le moment est donc opportun pour examiner la situation financière de la ville de Paris, pour rechercher de quelles ressources on peut disposer encore, si l’on veut continuer l’œuvre de la transformation de la capitale, enfin, — puisqu’une modification profonde de l’organisation du conseil municipal est à l’ordre du jour, — pour passer en revue les diverses combinaisons proposées.


I

Les recettes ordinaires de la ville de Paris, — celles qui sont fournies par les centimes communaux, l’octroi, le produit des propriétés communales, des halles, marchés, abattoirs, etc., — se sont élevées, ainsi que l’assure le dernier rapport de M. Haussmann, de 1852 à 1869, à 1 milliard 795 millions. En 1852, ces recettes montaient à 52 millions 1/2 ; pour 1870, elles sont évaluées à 171,530,000 fr. Entre les deux dates, il est vrai, se place l’extension des limites de Paris qui a donné tout d’un coup à la ville 500,000 habitans de plus et a été Suivie d’une augmentation constante qu’on peut évaluer en