a des fougues, des élans et des libertés de parole qui démontent le flegme prussien. Berlin s’étonna de ces véhémences, de ces incartades méridionales. Dans la séance du 7 mai, les nationaux présentèrent un projet d’adresse qui, sous une forme indirecte, conviait le parlement douanier à réaliser par l’extension de sa compétence l’union politique de l’Allemagne. C’était vouloir mettre le feu aux étoupes. L’assemblée conjura l’incendie en enterrant cette motion par un ordre du jour pur et simple.
Le 22 mai, la session terminée, les membres du parti sudiste adressèrent à leurs commettans un manifeste par lequel ils déclaraient qu’ils avaient profité de leur séjour à Berlin pour étudier de près les choses et les hommes, qu’ils avaient pu se convaincre que dans le Nordbund les intérêts militaires passaient avant tout, et que la politique traditionnelle de la Prusse ne pouvait manquer d’imposer à ses confédérés des charges toujours croissantes, qu’aussi bien cette confédération n’était qu’un établissement transitoire, et que les états qui la composaient se trouveraient tôt ou tard absorbés dans une grande Prusse unitaire, que partant l’accession des états du sud serait un malheur et pour l’Allemagne et pour la liberté, qu’il leur importait de sauvegarder énergiquement leur indépendance, tout en remplissant loyalement leurs devoirs nationaux. « Nous atteindrons ce but, ajoutaient-ils, par une politique franchement libérale et en établissant entre nous une entente ferme et durable. »
Ce manifeste fournit aux journaux du parti national une occasion de plus de déclamer contre la phraséologie des Allemands du midi, die süddeutschen Phrasen, ce qui signifie simplement qu’au nord et au sud du Mein on ne parle pas la même langue politique.
Pour se faire une idée exacte de la situation politique des états allemands du sud et de la conduite qu’ont suivie leurs gouvernemens depuis 1866, il importe d’examiner tour à tour ce que ces états ont de commun et par quoi ils diffèrent.
Un patriotisme local très vif et un indestructible attachement à la grande patrie, ces deux sentimens se retrouvent partout, sous une forme ou sous une autre, dans l’Allemagne du midi. Qu’y reproche-t-on à la Prusse ? D’avoir déchiré l’Allemagne par sa politique de conquêtes, d’avoir traité avec l’étranger pour qu’il reconnût ces conquêtes faites sur des Allemands, d’avoir créé une situation telle que désormais il a le droit de dire son mot sur les affaires allemandes. Quand elles apprirent les clauses du traité de