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UN CONGRÈS INTERNATIONAL.

unes des conclusions en ont été justement contestées, si les auteurs eux-mêmes ont modifié à certains égards leurs premières opinions, s’ils se sont même divisés sur quelques points, comme nous le verrons tout à l’heure, l’importance fondamentale de cette œuvre n’en reste pas moins indiscutable, l’influence qu’elle a exercée sur les progrès de la science n’en ressort peut-être que mieux. On peut dire qu’elle a été le centre autour duquel ont tourné, dans un rayon plus ou moins étendu, toutes les questions agitées au congrès, et que l’excellence de quelques-uns des principes sur lesquels elle repose a reçu du développement de ces questions une confirmation nouvelle.

Par exemple, il est impossible de mettre en doute aujourd’hui la nécessité de l’alliance, proclamée pour la première fois par l’académie de Copenhague, entre l’archéologie proprement dite et les diverses branches des sciences naturelles. La géologie et la paléontologie ont seules permis de reporter avec certitude l’existence de l’homme au-delà de la période géologique actuelle. Seules aussi elles peuvent établir dans ce passé lointain des coupures et des points de repère, affirmer ou nier la contemporanéité d’objets qui sont d’ailleurs du ressort de l’archéologie, déterminer l’ordre dans lequel ils se succèdent. Celui qui voudrait aborder ces questions en se bornant à l’examen des objets eux-mêmes s’exposerait à d’étranges méprises. La perfection relative du travail l’entraînerait presque inévitablement à intervertir bien souvent l’ordre des époques de fabrication. Aussi tous ceux qui s’occupent de ce genre d’études ont-ils accepté la division fondamentale proposée par sir John Lubbock pour l’âge de la pierre, division qui repose essentiellement sur des données géologiques. Le savant naturaliste anglais a distingué avec raison les âges néolithique et paléolithique, attribuant au premier tout ce qui est postérieur, au second tout ce qui est antérieur aux derniers grands changemens subis par notre globe.

Peut-être est-il moins facile de comprendre l’intimité des rapports qui relient aux études archéologiques la zoologie, l’anatomie comparée, la botanique ; toutefois nous avons déjà vu la succession des flores donner des enseignemens analogues à ceux que fournit la superposition des terrains. Les transformations des faunes, l’histoire des migrations animales, ne sont pas moins instructives parfois et donnent une date au moins relative à des objets qui ne portent en eux-mêmes aucune signification de ce genre. En outre l’homme des anciens jours peut être étudié autrement que par ses outils, ses armes, ses objets de parure ; il a laissé d’autres traces de son existence, et il en est qui fournissent sur son compte des renseigne-