tout pays, provoquaient une comparaison pour ainsi dire incessante, et amenaient des discussions animées, portant tantôt sur les objets eux-mêmes, tantôt sur les hommes dont ils attestent l’existence, et dont on s’efforçait de préciser les mœurs, les Habitudes, le développement intellectuel et moral.
Une communication due à M. Vilanova a même conduit un moment le congrès sur le terrain des origines de l’homme. Le savant professeur de Madrid avait présenté les photographies d’un microcéphale actuellement vivant à Valence. M. Vogt saisit cette occasion pour développer l’opinion émise par lui dans un travail précédemment couronné par la Société d’anthropologie[1]. À ses yeux, les microcéphales sont des êtres frappés d’une sorte d’arrêt de développement normal et local ; ils reproduisent par atavisme et exceptionnellement une disposition autrefois régulière et générale. Au moment de leur naissance, dit-il, le nègre et le blanc sont difficiles à distinguer l’un de l’autre ; les différences vont croissant avec l’âge. Il y a donc là chez l’homme un développement divergent, et qui accuse dans un passé plus ou moins lointain un point de départ commun. Or, si nous comparons l’homme en général aux singes, et surtout aux singes anthropomorphes, au chimpanzé par exemple, nous constatons des faits analogues. L’animal adulte diffère de l’homme fait beaucoup plus que le jeune ne diffère de l’enfant. De là aussi on peut conclure que l’homme et le singe se sont séparés jadis par suite d’un développement divergent, qu’ils ont eu un point de départ commun, qu’ils comptent parmi leurs ancêtres un être très inférieur à tous deux, qui n’était ni homme ni singe, et dont ils descendent également. C’est cet ancêtre dont le cerveau seul reparaît par atavisme chez les microcéphales, tandis que le reste du corps atteint le développement anatomique et morphologique auquel l’espèce humaine est aujourd’hui parvenue. De là même il résulte du reste que l’homme ne peut descendre du singe. Ces deux types forment deux branches collatérales, mais parfaitement distinctes, du grand arbre de la vie.
Le lecteur aura sans doute reconnu dans ce qui précède une application des doctrines darwiniennes longuement exposées ici même[2]. Je n’ai donc pas à revenir sur le fond de la question. Quant au fait spécial, il est facile de voir que l’intervention de l’atavisme, invoquée pour rendre compte de certaines conformations anormales soit de l’homme, soit des animaux, aurait le double inconvénient