condaires établies dans les âges archéologiques et ces âges eux-mêmes peuvent être considérés comme l’expression de la vérité. MM. Bertrand et Desor ont plus spécialement insisté sur ces considérations avec toute l’autorité que donnent à leur parole une grande expérience et un savoir reconnu. Le premier, partant des faits qui indiquent d’anciennes migrations et le mélange des races, voudrait qu’on comprît dans une seule période tous les temps écoulés depuis l’époque du renne jusqu’à celle de l’apparition du bronze. Tous deux, voyant la pierre persister après l’invention de ce métal et le fer se placer à côté de lui de très bonne heure, sont allés jusqu’à se demander si l’âge du bronze tout entier ne devrait pas disparaître. M. Bertrand a rappelé les tumuli de Beaune (Côte-d’Or), où, à côté des couteaux de bronze analogues à ceux de la Suisse, on a trouvé de grandes épées en fer comme celles de Hallstadt ; il a cité d’autres exemples. En somme, ces deux savans sont vivement frappés des transitions de plus en plus nombreuses qui se découvrent entre des époques que les termes de la classification pourraient faire croire nettement séparées. Les communications faites au congrès leur apportaient presque à chaque séance de nouveaux argumens. M. Cazalis de Fondouce a trouvé à La Roquette une sépulture présentant un mélange de constructions mégalithique et cyclopéenne. Dans le dolmen de Grailhe, M. Cartailhac a rencontré un mobilier funéraire tenant à la fois de la pierre polie et du bronze, si bien que les hommes de ce temps ont vu probablement le déclin de l’état sauvage et l’aurore de la civilisation future. M. Lerch a montré que dans les tumuli de la Russie les pointes des flèches sont en bronze et celles des lances en fer. Enfin le Jutland méridional lui-même a présenté fréquemment des faits de même nature[1].
Les observations de MM. Bertrand et Desor sont donc certainement fondées ; les conséquences qu’ils ont paru quelquefois en tirer me sembleraient en revanche excessives. Pour se reconnaître au milieu de ce passé lointain, il faut y bien placer des points de repère. À quel ordre de considérations empruntera-t-on les dénominations et la délimitation des périodes ? Sans doute les savans scandinaves auraient pu, comme M. Lartet Fa fait plus tard, s’adresser aux faits naturels et baptiser les âges antéhistoriques du nom des arbres qui se sont succédé sur les flancs des scovmoses ; ils n’auraient pas pour cela précisé davantage et évité les temps de passage. Ce n’est pas subitement que le hêtre a remplacé le chêne, que celui-ci a chassé le pin. En somme, il s’est produit ici ce qui s’est passé bien des fois ailleurs. Partant des faits recueillis sur place et les pre-
- ↑ Worsaac, the Antiquities of South-Jutland or Slesvik.