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Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 87.djvu/130

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tantôt très différens, et les problèmes de cette nature sont souvent des plus difficiles. Les dessins recueillis par M. Hildebrand sur les rochers de la Westrogothie, par M. Lorange sur ceux de la Norvège, justifient cette observation, qui ressortirait aussi des faits précédens. La date en est fort incertaine. Des détails donnés par M. Lorange sur les temps préhistoriques de son pays, il semble résulter qu’on doit les rapporter tout au plus à l’âge du bronze, peut-être à celui du fer, et cette dernière opinion a eu ses adhérens. Lors même qu’ils seraient de l’âge de la pierre, comme le pense M. Brunius, ils ne pourraient être aussi anciens que les représentations d’animaux trouvés en France, et qu’ont fait connaître les premiers MM. Lartet, Christy et M. le marquis de Vibraye. Or il y a une distance énorme des lignes enfantines tracées par les hommes du nord aux traits si fermes et si fidèles burinés par nos ancêtres troglodytes pour représenter le renne et le mammouth. L’art du dessin et de la gravure était donc de beaucoup plus avancé chez nous aux temps géologiques qu’il ne l’a été chez les premiers scandinaves probablement bien des siècles après.


IV.

Des différences analogues à celles que je viens d’indiquer, et même de plus considérables, peuvent-elles exister entre peuplades voisines et établies sur le même sol ? Dans le Danemark en particulier, les hommes des kjœkkenmœddings et les hommes des dolmens ont-ils pu être contemporains, ou bien les premiers ont-ils précédé les seconds ? Nous touchons ici à une question qui nous préoccupait vivement dès avant notre arrivée à Copenhague. Il ne s’agissait de rien moins que de rejeter ou de maintenir toute une grande division, et peut-être la moitié de l’âge de la pierre. Or nous savions que depuis plusieurs années MM. Steenstrup et Worsaae s’étaient prononcés en sens contraire. On comprend combien il nous tardait d’entendre les raisons que chacun de ces deux maîtres de la science invoque à l’appui de son opinion. Ce n’est pas sans difficulté que nous parvînmes à les mettre en présence. Cette joute où chacun d’eux avait à lutter contre un ancien collaborateur leur répugnait également. Nous comprenions ce que cette position avait de délicat. Nous sentions bien que notre insistance froissait des sentimens intimes, et qu’en toute autre circonstance nous aurions respectés ; mais l’amour de la science nous rendait impitoyables. La discussion eut lieu, et nous intéressa vivement à tous les points de vue. Elle nous apprit beaucoup ; elle nous fit aimer et estimer davantage les deux hommes éminens, dont chacun, tout en cherchant à vaincre