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recevoir des ossemens. Le dessin de cette cabane a été publié par le duc de Blacas, qui reconnaissait avec raison l’image des chaumières des premiers habitans du Latium : ils voulaient que leur dernière demeure ressemblât à celle où ils avaient passé leur vie, idée touchante et non sans poésie.

D’autre part, des fibules en bronze découvertes avec ces vases ne permettent pas à notre imagination de remonter jusqu’à l’âge de pierre, et comme la dernière éruption du Monte-Cavo ne peut être assez moderne pour être rapportée à l’âge de bronze, on est tenté de croire que ces tombeaux ont été creusés sous un banc de péperin par les habitans d’Albe-la-Longue. Cette conclusion rencontre aussi quelques difficultés. Des fouilles dans cet endroit et des investigations méthodiques sont donc indispensables pour trancher la question et nous autoriser à croire qu’un cimetière et par conséquent des habitations ont été ensevelis sous les déjections du volcan avant que l’humanité sût fixer ses souvenirs et faire son histoire.

Le troisième fait a une importance décisive, parce qu’il a été scientifiquement constaté. Des hommes de l’âge de pierre ont été ensevelis par un volcan, et vingt siècles peut-être avant Pompéi une petite ville de l’archipel grec avait le même sort. L’île de Santorin et l’île de Thérasia, qui en faisait jadis partie, sont de formation volcanique ; tout y est cendre ou scories, la vigne seule pousse sur ce sol, qui produit un vin renommé en Orient ; il n’existe ni un ruisseau ni une source : les navires rapportent pleines d’eau les outres de cuir qu’ils ont emportées pleines de vin. Lorsque la compagnie de l’isthme de Suez fit construire Port-Saïd, elle eut besoin de mortiers excellens et envoya chercher dans l’île de Thérasia la pouzzolane nécessaire pour construire le port, les quais, les fondations d’une ville bâtie sur la mer. Pendant plusieurs années, des bâtimens partis d’Égypte vinrent recevoir cette cendre précieuse qu’on précipitait du haut des falaises ; les ouvriers enlevaient des couches considérables, mais ils s’arrêtaient toujours à une certaine profondeur, devant des pierres, des blocs de lave et divers débris qui embarrassaient leur travail.

En 1867, l’éruption du volcan rajeuni de Santorin attira tout à coup l’attention de l’Europe. Des savans furent envoyés pour observer les phénomènes ; de Paris, on envoya M. Fouqué, disciple et ami de M. Sainte-Claire Deville ; d’Athènes, M. Christomannos, professeur de chimie à l’université. Arrivé le premier, M. Christomannos remarqua que les blocs de lave qui arrêtaient les ouvriers étaient disposés dans un certain ordre, et formaient des plans réguliers. Il fit fouiller et trouva des constructions faites de main d’homme. M. Fouqué, qui arriva plus tard, fit faire des fouilles de