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Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 87.djvu/642

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Les réformes
de
l’enseignement primaire


DE LA GRATUITÉ ABSOLUE ET DE L’OBLIGATION DE L’INSTRUCTION PRIMAIRE

Parmi les questions qui ont le privilège de passionner les esprits, l’une des plus graves, l’une des plus délicates assurément, est celle de l’instruction publique. C’est sur ce terrain que se livrent les batailles les plus acharnées entre les partis qui divisent la France. Et comment s’en étonner ? Dans cette lutte, ce n’est pas seulement l’amour de la vérité et le désir de la voir triompher qui passionnent les combattans, c’est aussi pour chaque parti le désir de se voir perpétuer dans les générations qui se lèvent et qui ont l’avenir dans les mains. Voilà ce qui explique le chaos étrange des réclamations contradictoires de chaque école, de chaque parti. Ce sont les ennemis de la liberté de conscience qui ont été les plus ardens à réclamer la liberté de l’enseignement, parce qu’ils y trouvaient le moyen de produire leurs doctrines. C’est le parti religieux, dans les écoles duquel règne la gratuité absolue, qui se montre le plus animé pour repousser l’établissement de cette même gratuité dans les écoles publiques, parce qu’il craint de ne pouvoir supporter la concurrence à armes égales ; mais de ce que la liberté de conscience a été réclamée par un parti intolérant, il ne s’ensuit pas que la