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elles-mêmes, ou tout au moins une image sincère des souvenirs qu’elles ont laissés. Enfin, avec des intentions de style moins élevées, mais avec un louable désir de dégager le sens secret des choses, M. Allongé dans son agréable Forêt en octobre, M. Node dans les Bords de l’Hérault et les Gorges de la Dourbie, M. Vuillefroy dans son Bornage de Chailly et son Matin au Bas-Bréau, interprètent par le sentiment les modèles qu’ils ont choisis, et ne se contentent pas, comme tant d’autres, d’en transcrire simplement les couleurs ou les formes.

Est-ce tout, avons-nous tout dit ? Les ouvrages que nous venons d’indiquer sont-ils, parmi les 4,000 peintures ou dessins exposés, les seuls qui méritent l’attention ? Nous nous garderons bien de le prétendre et de présenter les pages qui précèdent comme un résumé complet, encore moins comme un catalogue de tous les talens et de tous les travaux qui figurent au Salon de 1870. Nous n’avons cité ni la Baigneuse peinte par M. Bouguereau, ni la Velléda de M. Landelle, ni la Marguerite et la Manon Lescaut dans lesquelles M. James Bertrand nous a donné deux nouvelles éditions, mais des éditions amoindries, de sa jolie figure de Virginie exposée l’année dernière. Nous n’avons rien dit non plus des Lavandières ou des Fileuses de MM, Breton et Otto Wéber, des Marines de M. Courbet et des Neiges de M. Chenu, des Paysages de MM. Corot, Daubigny et Busson, des aquarelles de M. Bellay d’après Raphaël et des vaillans dessins de M. Bonhomme, nouveaux et curieux chapitres ajoutés par lui à son Histoire pittoresque de la métallurgie. Et pourtant ces ouvrages et plusieurs autres ne sauraient être confondus avec les œuvres qu’il est équitable de passer sous silence ; mais ils n’annoncent pas dans le talent de ceux qui les ont faits une évolution ou même une modification quelconque. Ils ne nous apprennent rien en réalité, et nous avions à rechercher surtout les témoignages ouvertement instructifs, les signes d’une habileté ou d’une manière de sentir imprévue. Ce sera, nous l’espérons, notre excuse pour bien des oublis apparens, pour beaucoup d’omissions qui, sans cela, ressembleraient à des injustices.


III

Nous ne croyons pas devoir terminer cette rapide revue des peintures produites par notre école dans l’année qui vient de s’écouler sans mentionner au moins quelques grands travaux de décoration monumentale appartenant à la même période. N’est-ce pas d’ailleurs sur les murs des églises et des autres édifices publics que se continue à peu près uniquement aujourd’hui la tradition de ce que l’on appelait autrefois la peinture d’histoire ? D’année en année, les