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relatives des diverses flammes qu’il voulait comparer. Il fit alors tendre une chambre en noir, et s’y enferma pendant six semaines dans une obscurité complète. Au bout de ce temps, la sensibilité de sa vue était telle qu’il appréciait les différences les plus petites. Le passage brusque d’un lieu obscur à un jour éclatant est d’ailleurs plein de péril. Denys le Tyran avait fait construire un bâtiment aux murs clairs et blanchis à la chaux, et y introduisait subitement des malheureux soustraits depuis longtemps à la lumière. Ce contraste suffisait pour les rendre aveugles. Xénophon raconte qu’un grand nombre de soldats grecs perdirent la vue par la réverbération de la neige en traversant les montagnes de l’Arménie. Tous les voyageurs qui ont visité les régions polaires ont été témoins d’effets analogues produits par l’éclat de la neige. Quand l’impression de la lumière sur l’œil est puissante et instantanée, c’est la rétine qui souffre le plus. Si, moins énergique, elle est prolongée davantage, ce sont les humeurs de l’œil qui sont altérées. Le phénomène auquel on a donné le nom de coup de soleil est dû à l’action de la lumière et non pas, comme on l’a cru souvent, à une élévation de température. Il se produit quelquefois au printemps, alors que la température est peu élevée. Une lumière artificielle très intense peut également y donner lieu, surtout la lumière électrique. Les parties violettes et ultra-violettes du rayonnement lumineux paraissent être la cause de cette action, car les écrans en verre d’urane qui absorbent ces parties préservent les yeux des expérimentateurs occupés à l’étude de la lumière électrique. Cet érythème est une véritable inflammation.

L’action de la lumière sur la peau de l’homme est évidente. Elle brunit et hâle nos tégumens en y déterminant la production de la matière colorante qu’ils contiennent. Les parties du corps habituellement dénudées, comme la peau de la face et des mains, sont plus foncées que les autres. Dans le même pays, les habitans des campagnes sont plus hâlés que ceux de la ville. A des latitudes un peu distantes, les habitans d’un même pays diffèrent de teinte dans une proportion sensiblement en rapport avec l’intensité de la lumière solaire. En Europe, on distingue parfaitement trois variétés de coloration du tégument : le brun olive avec œil noir, chevelure et barbe noire, le châtain avec barbe fauve et œil azuré, le blond avec barbe blonde cendrée et œil bleu de ciel. Les peaux blanches laissent voir plus facilement les altérations déterminées par la lumière et la chaleur ; mais, quoique moins tranchés, les faits de coloration variée s’observent aussi ailleurs. La race scythe-arabe n’a qu’une moitié de ses représentans en Europe et dans l’Asie centrale, le reste descend vers l’Océan indien, en continuant à témoigner par