personnes et les marchandises qu’il transporte, son immunité ne serait plus qu’un vain mot…
« Si le cabinet de Washington ne voulait voir dans les deux personnes arrêtées que des rebelles qu’il est toujours, en droit de saisir, la question, pour se placer sur un autre terrain, n’en saurait être résolue davantage dans un sens favorable à la conduite du commandant du San-Jacinto. Il y aurait, en pareil cas, méconnaissance du principe qui fait d’un navire une portion du territoire de la nation dont il porte le pavillon….. »
M. Mountagne Bernard veut bien convenir, à l’honneur de la diplomatie française, qu’une opinion exprimée sous une forme si claire et si assurée contribua puissamment à ramener le gouvernement fédéral au vrai sentiment de l’affaire, quoique désavouer le capitaine Wilkes dût coûter beaucoup à l’orgueil national. Le cabinet de Londres avait d’ailleurs le bonheur d’être servi en cette circonstance par un ambassadeur, lord Lyons, dont la prudence et l’esprit conciliant, étaient capables d’amortir le choc des premières impressions. A la première nouvelle de l’arrestation des envoyés du sud à bord du Trent, lord Russell avait envoyé à lord Lyons l’ordre de réclamer d’une façon péremptoire la mise en liberté de MM. Mason et Slidell et des excuses pour l’acte dont ils avaient été victimes. Le ministre anglais ne devait accorder à M. Seward qu’un délai de sept jours pour une solution définitive. Lord Lyons sut adoucir ce que cette mise en demeure trop brusque avait d’offensant. Sur ces entrefaites arriva la dépêche française que nous venons de reproduire. M. Seward en eut communication le 25 décembre ; le 26, il fit savoir à lord Lyons que, sur l’ordre du président, l’acte du commandant du San-Jacinto serait désavoué, et que les prisonniers seraient remis aux autorités britanniques. Seulement ceci était accompagné d’une longue et diffuse dépêche qui posait en quelque sorte le point de vue américain de la question en litige.
Après avoir rappelé que le code maritime s’occupe le plus souvent des choses et rarement des personnes, M. Seward fait observer que les personnes aussi bien que les choses peuvent être contrebande de guerre, puisque ce mot, dans son sens étymologique, signifie ce qui est contraire aux prescriptions, prohibé, illégal. Nul ne conteste que les soldats, et marins d’un belligérant sont justement assimilés à la contrebande de guerre. Les ambassadeurs qui vont solliciter de l’assistance doivent être compris, ainsi que les dépêches qu’ils emportent, dans la même catégorie. C’était donc avec raison que le capitaine Wilkes avait arrêté les envoyés du sud ; il s’était acquitté de cette mission avec les ménagemens que se doivent les peuples civilisés : le Trent n’était après tout qu’un navire de