La guerre entre la France et la Prusse a éclaté si brusquement, les premières opérations ont été conduites avec une telle activité, que le public n’a pas eu le temps de se rendre compte des ressources que possède chacune des nations belligérantes. L’étude réfléchie et calme de la situation relative de ces deux états et des forces matérielles ou morales dont ils disposent eût été non-seulement d’un grand intérêt, mais aussi d’un grand avantage à l’entrée de la lutte où nous sommes si profondément engagés. A l’heure qu’il est, quoique les circonstances soient devenues très graves, il y a encore une utilité réelle à rechercher d’une manière précise quelle est l’élasticité et la force de résistance des ressorts sur lesquels repose la puissance des deux peuples ennemis. Si pénibles qu’aient été les premiers engagemens, nous croyons au triomphe définitif de nos armes ; les échecs passés n’ont été qu’une surprise alors que notre pays, endormi dans une confiance imprudente, ne disposait pas de la plénitude de ses moyens. L’avenir vengera bientôt ces regrettables insuccès, qui seront, à tout prendre, de profitables enseignemens. Forcé de reculer pour reprendre pied, se ramasser et bondir d’un plus irrésistible élan, le peuple français n’aura pas tardé à