a été rendue en vue de morceler graduellement les vastes nais. Aussi, tandis que la population s’accumule dans les cités qui s’élèvent où naguère quelques cabanes abritaient des mineurs et des bergers, la terre se couvre de cultures sur de grands espaces, et maintenant le voyageur rencontre sur sa route des exploitations rurales non moins industrieuses et plus prospères que celles de la vieille Europe. Dirigez vos pas vers la ferme, vous entendrez de loin le bruit de la machine à battre, et vous apercevrez la fumée des locomobiles. Des sociétés d’agriculture se sont formées à Sydney, à Melbourne, de même qu’à Montevideo, à Buenos-Ayres et au Cap ; nous pouvons lire et consulter les excellens recueils qu’elles publient. Sans doute avant peu d’années quelques squatters de la Nouvelle-Galles ou de Victoria auront perdu leur magnifique empire ; mais jetons les yeux sur la carte du continent australien, jetons les yeux surtout sur celle des deux hémisphères, et nous serons vite convaincus qu’il reste en Australie, en Amérique et en Afrique assez de plaines inexplorées pour que les rois pasteurs du XIXe siècle puissent longtemps s’y donner carrière. Repoussés hors d’un territoire, ils auront encore devant eux des provinces que n’ont foulées ni le pied de l’homme ni celui des troupeaux. N’espérons donc pas voir si tôt s’arrêter le flot que nous apporte l’océan ; n’espérons pas reprendre nos marchés et en redevenir les seuls maîtres. Il faut nous résigner, il faut nous résoudre à céder la place ou bien lutter contre une ; concurrence qui a pour elle tous les avantages ; raisonnablement, le pouvons-nous ?
Avant d’examiner si l’intérêt des producteurs de laine exige qu’on revienne en arrière et que l’on substitue le régime de la prohibition au régime de l’entrée en franchise, il convient de se demander quelles sont les vraies proportions de la crise. Le mouton est surtout l’animal de la vie pastorale, de l’agriculture primitive, et il est devenu en même temps, par suite de circonstances économiques que chacun connaît, l’animal de la grande culture, de celle qu’on nomme maintenant la culture intensive, qui se propose de consacrer à une surface donnée de terroir la plus grande somme possible de capital, de travail et d’engrais. Ainsi non-seulement toute, une partie de la France est désintéressée dans la question de la production des laines, mais on doit écarter encore, comme à peu près étrangères à cette industrie, toute la petite culture et presque toute la culture moyenne, qui ne connaissent guère d’autre bétail que la vache, la chèvre et le porc. Toujours la diminution des races ovines suit le morcellement de la propriété. Dans le département