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perdu une partie de ses états, beaucoup souffert pour les autres, et l’Angleterre, qui avait trouvé en elle une alliée très dévouée, réclamait en sa faveur non-seulement la restitution des biens perdus, mais encore d’amples dédommagemens, tels que la dignité royale, la réversibilité de la couronne. d’Espagne, etc. Elle demandait encore, pour le duc de Savoie, la Sicile ; mais cette cession n’était pas du goût de Louis XIV, qui avait d’autres vues sur ce pays. Il mandait donc à ses plénipotentiaires : « Si la raison d’état oblige le gouvernement d’Angleterre à s’intéresser à la barrière des Hollandais, l’inclination pour le duc de Savoie et le soin qu’il a pris de ménager cette couronne sont de fortes raisons qui la portent à donner une attention particulière aux intérêts de ce prince. Il est regardé par la cour d’Angleterre comme un allié fidèle, prêt à suivre tous les mouvemens de cette cour, à faire la guerre et la paix conjointement avec elle, et sur ce fondement elle se croit obligée à ne le pas abandonner. Elle a donc sollicité le roi de s’expliquer au sujet de la barrière que sa majesté lui accorderait et de déclarer aussi ses sentimens sur le projet d’augmenter encore les états que le duc de Savoie s’est nouvellement acquis en Italie. Le sieur Mesnager avait promis la restitution de la Savoie et des domaines qui appartenaient à ce prince au commencement de la guerre présente, le roi continue cet engagement ; mais la restitution de la Savoie et du comté de Nice est mise à un prix médiocre, lorsque sa majesté se contente de la restitution d’Exilles et de Fenestrelles, places situées en Dauphiné et qui ne donnent point d’entrée en Piémont, Elle veut donc que ses plénipotentiaires insistent sur la restitution de l’une et de l’autre pour équivalent des restitutions que le roi veut bien faire au duc de Savoie. Quant à son agrandissement en Italie, sa majesté le regarde comme le bien de cette partie de l’Europe, dont la liberté sera bientôt entièrement opprimée, s’il ne s’élève un prince assez puissant pour la défendre contre les desseins des ambitieux et les entreprises de l’archiduc, plus haut et plus ardent à envahir de nouveaux états qu’aucun de ses prédécesseurs ne s’est encore montré. Il convient donc que le duc de Savoie réunisse tout le Milanais sous sa domination. Le roi ne s’y opposera pas, au contraire. Cette réunion faite, sa majesté le traitera de roi de Lombardie. Elle l’a confié à l’Angleterre, et même elle l’a fait savoir à ce prince. Comme il aurait autrefois cédé au roi le duché de Savoie et peut-être encore le comté de Nice, s’il eût acquis par la protection de sa majesté le duché de Milan, c’est une demande médiocre à lui faire que celle de la restitution de deux-places situées dans le royaume, en lui rendant Nice et la Savoie et travaillant de concert à lui procurer le Milanais. C’est en cette occasion qu’il faut que les Anglais et les Hollandais