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s’expliquent hautement et qu’ils parlent avec fermeté en faveur de ce prince. La crainte qu’ils sauront imprimer à l’archiduc sera le seul moyen capable de le contraindre à céder les états d’Italie, car ils sont depuis longtemps l’objet des désirs de la maison d’Autriche. Nulle raison ne lui persuadera d’y renoncer volontairement, et si l’archiduc n’est convaincu qu’en irritant ses alliés par le refus des conditions qu’ils lui proposeront ils deviendront bientôt ses ennemis, leurs instances auprès de lui seront inutiles. Ils l’avertiraient en vain qu’ils sont les de porter le poids d’une guerre entreprise pour lui et qu’il doit être satisfait de l’acquisition des Pays-Bas ; il faut y ajouter une déclaration formelle d’unir contre lui leurs forces, si, non content de l’empire, des pays héréditaires et des Pays-Bas, il s’oppose au rétablissement du repos général de l’Europe. »

La reconnaissance de l’électeur de Brandebourg comme roi de Prusse n’était contestée par personne, mais le roi repoussait toute prétention sur la principauté d’Orange, et quant aux récriminations des princes de l’empire au sujet de l’Alsace, il disait que, bien loin de se faire un point capital de resserrer les frontières de la France, il serait au contraire de leur prudence de faciliter au roi les moyens de leur donner des secours contre la puissance menaçante de l’empereur, « secours, ajoutait-il, dont ils auront besoin tôt ou tard ; mais jusqu’à présent l’aveuglement a été grand, et si les ministres des princes d’Allemagne se rendent à l’assemblée, ce ne sera pas merveille de les voir agir contre eux-mêmes et former des demandes insensées, pour affaiblir les frontières de la France, sous les vains prétextes de barrière et de sûreté de l’empire. Ils y comprendront Strasbourg, l’Alsace, les trois évêchés, car il ne coûte rien à ceux qui s’étudient à plaire à la cour de Vienne de faire de pareilles listes, qui certainement ne seront jamais du goût de ceux qui désirent sincèrement le rétablissement de la paix. Ainsi le roi s’assure que les plénipotentiaires d’Angleterre les traiteront de visions, et que ceux de Hollande, dont les intentions seront bonnes, ne feront pas plus d’attention à ces vaines idées. Sa majesté veut que ses plénipotentiaires les rejettent absolument, supposé qu’il en soit question. »

Sur ces bases générales de négociation, les choses étaient en train d’arrangement, du moins entre la France et l’Angleterre, lorsqu’un événement nouveau vint assombrir l’horizon ; ce fut la mort du dauphin, connu naguère sous le nom de duc de Bourgogne. Sa femme, célèbre par l’agrément qu’elle répandait autour du vieux roi, était morte à vingt-six ans le 12 février, et le duc ne lui survécut que de six jours. Le duc de Bretagne, leur fils aîné, mourut aussi le 8 mars. Il ne restait donc de toute la lignée royale de France que le jeune prince qui fut depuis Louis XV, alors âgé de