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lui-même, quelquefois dans des cavités pleines de cendre et de charbon de bois où s’étaient préparés des repas, avaient la conviction que ces restes provenaient d’individus dont la destruction n’était pas ancienne. L’espoir de trouver encore des individus vivans soit. sur les montagnes, soit dans les bois, venait à chacun, et l’engageait à battre la campagne ; mais toutes les recherches jusqu’à présent sont demeurées sans succès. Les naturels de la Nouvelle-Zélande, mille fois interrogés au sujet de l’origine de ces os d’un volume énorme que l’on trouve en abondance dans une foule de localités, répondaient généralement que ces débris étaient ceux d’une espèce d’oiseau connue chez eux sous le nom de moa. Les Maoris affirmaient souvent que les moas existaient encore dans certaines parties des montagnes ; plusieurs prétendaient en avoir vus, manière peut-être de se vanter, car aucun fait précis n’a donné lieu de prendre cette parole pour l’expression de la vérité. Une vague tradition néanmoins paraît s’être maintenue parmi les habitans de la Nouvelle-Zélande à l’égard des grands oiseaux disparus.

Les dinornis avaient de très grands rapports avec les autruches et plus encore avec les casoars ; en un mot, ils appartenaient, pour la plupart au moins, à cette famille d’oiseaux coureurs que l’on appelle les struthionides. La comparaison des os, rigoureusement faite par M. Richard Owen, ne laisse à cet égard aucune incertitude. La Nouvelle-Zélande était peuplée autrefois de nombreuses espèces de dinornis parfaitement distinctes les unes des autres, et de proportions fort diverses. Le dinornis gigantesque que nous avons cité pouvait atteindre la hauteur de trois mètres et demi ; d’autres espèces avaient la taille de l’autruche ou une taille inférieure, d’autres avaient des formes beaucoup plus massives et une démarche lente, ainsi que l’annoncent chez le dinornis aux pieds d’éléphant (Emeus elephantopus) les os des membres, courts, trapus, énormes. Chaque espèce habitait une région très restreinte ; les dinornis de l’île du Nord et de l’île du Milieu n’étaient pas les mêmes, et plusieurs d’entre eux semblent avoir vécu sur un espace fort limité. Ces animaux, incapables de voler ou de nager, avaient des habitudes très sédentaires. S’il est démontré que les grands oiseaux de la Nouvelle-Zélande devaient, pour la plupart, offrir de grandes ressemblances avec les casoars, le fait est moins certain pour quelques espèces (les Palapteryx d’Owen).

Nous avons des observations, des descriptions, même des figures des oiseaux des îles Mascareignes, dues à des voyageurs plus ou moins instruits ; descriptions vagues, figures souvent bien imparfaites il est vrai, mais cependant devenues précieuses. Elles nous donnent au moins une idée générale de l’aspect, de la démarche, des couleurs, des habitudes des animaux perdus. Nous n’avons rien