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LES
CHEVAUX DE L’ARMÉE


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Il y a quelques mois à peine, tous les esprits étaient portés à s’occuper des conséquences d’une sécheresse extrême, qui paraissaient devoir être calamiteuses. On était loin de penser alors que des désastres plus terribles « viendraient nous absorber au point que toute question ne se rattachant pas à la défense nationale serait inopportune. Toutes les fois que la France a dû se préparer à la guerre, les chevaux lui ont manqué ; cependant, par son sol et par son climat, elle est on ne peut mieux disposée pour la production des différentes sortes de chevaux que réclament l’industrie, le luxe, l’armée. Les pâturages secs et salubres du Limousin, de la Navarre du Merlerault, donnent une herbe excellente, dont se nourrissent de bons chevaux de selle. Les plaines fertiles, un peu grasses, de l’ouest et du nord, si favorables à la pousse de l’herbe et au développement rapide d’animaux de forte corpulence, peuvent produire, ou de robustes limoniers, ou des chevaux propres aux attelages de luxe. Enfin les plateaux de la Beauce, de la Champagne, du Berry, si riches en cultures de céréales et en pâturages artificiels, terminent l’élevage de la plupart des chevaux de trait léger, et livrent au commerce des animaux appréciés du monde entier.

De tous ces terrains, ceux qui produisent naturellement les chevaux légers propres à la cavalerie sont les plus étendus, et cependant ces chevaux sont les seuls qui nous fassent souvent défaut. Il y a longtemps, on comptait déjà par centaines les millions exportés pour les remontes de l’armée, et c’est pour obvier à cet inconvénient que Colbert fonda l’administration des haras. Pour les chevaux de selle, on n’a jamais voulu reconnaître que la consommation seule fait la production, et que le pays pourrait