sont soumis à la loi commune et non pas tous forcément destinés au métier de soldat, comme le voulait Napoléon Ier. De l’heure où ils ont été confiés à l’administration jusqu’au jour où ils ont atteint leur vingt et unième année, ils vivent sous la direction immédiate de l’assistance publique, qui a sur eux toute l’autorité que la loi confère aux tuteurs. La tutelle est très prévoyante et très active, la surveillance est sérieuse dans les quarante-six arrondissemens provinciaux où l’on entretient des enfans assistés ; elle s’exerce par 2 inspecteurs principaux, par 25 sous-inspecteurs, par 278 médecins rémunérés, par les curés et par les agens du pouvoir municipal. Le nombre de ces malheureux, élevés, soutenus, protégés par l’assistance publique, est considérable. En 1869, il était de 25,486, dont 16,845 âgés d’un jour à 12 ans, et 9,001 de 12 à 21 ans ; sur ce total, on comptait 13,116 garçons et 12,370 filles.
L’hospice n’est en réalité qu’un lieu de dépôt essentiellement transitoire ; l’enfant qu’on y apporte part avec une nourrice aussitôt que sa santé lui permet de supporter le voyage, et il n’y revient que dans des cas de maladie fort grave, lorsque les soins qu’il reçoit au dehors sont insuffisans, ou lorsque son esprit d’insubordination réclame une discipline plus sévère. On hâte autant que possible le départ de l’enfant pour la campagne, car on a reconnu que le séjour de l’hospice lui était funeste pendant les premiers mois. C’est depuis 1861, à la suite de douloureuses expériences, que l’on s’est arrêté à ce parti, qui, jusqu’à présent du moins, a donné de bons résultats. Il est facile d’en juger en comparant les chiffres suivans ; en 1868, l’hospice admet 5,322 enfans et en perd 1,211 ; en 1859, les admissions sont de 5,368, et les décès de 1,035 ; — en 1868, sur 5,603 enfan6 ayant séjourné à l’hospice, il en meurt 442 ; en 1869, les entrées s’élèvent à 6,009, et les décès ne comptent que pour 495. C’est là un progrès très sensible qui donne en moyenne une mortalité de 7.89 pour 100 ; celle qui frappe les enfans envoyés à la campagne est encore considérable : sur 21,147, il en est mort 1,785.
Quelle que soit la surveillance exercée sur les nourrices, elle ne peut être incessante, et il est bien difficile d’apprendre à des filles de campagne, imbues par tradition des idées les plus sottes et les plus antihygiéniques, qu’il ne faut pas bourrer les nourrissons d’alimens solides auxquels leur très faible estomac est rebelle. Combien parmi ces créatures ordinairement rapaces et stupides n’en existe-t-il pas qui, aujourd’hui encore tout comme au temps de Rousseau, pendant qu’elles vont aux champs ou à la ville, accrochent l’enfant à un clou sous prétexte que c’est le bon moyen d’éviter qu’il ne roule hors de son berceau ! Ainsi suspendu, le pauvre être se démène, s’agite, pleure et s’endort de fatigue, épuisé,