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UN MOIS
DANS LES ARDENNES
AU MILIEU DES ARMEES

Le premier acte de la guerre entre la France et l’Allemagne est terminé depuis déjà deux mois ; cependant ni la campagne des Ardennes ni les désastres qui l’ont précédée ne sauraient être encore du domaine de l’histoire. L’heure n’est pas venue de les étudier avec ce calme et cet esprit de libre critique qui sont les premières conditions d’un récit durable. Il faut retarder l’enquête pénible et longue qui permettra de chercher dans le passé une leçon pour l’avenir, de montrer dans quelle mesure les gouvernans et les gouvernés, nos mœurs publiques et le parti militaire sont responsables des épreuves que nous traversons. L’enquête se fera aidée par les documens officiels que nos administrations fourniront en grand nombre, par les récits allemands et anglais, par les témoignages de tous ceux qui ont vu de près les événemens, elle n’aura nulle peine à mettre la vérité dans tout son jour. Ces sortes d’examens, où les coupables eux-mêmes n’hésitent pas à reconnaître leurs fautes, demandent de la part d’un pays des qualités peu communes : un courage plus rare que l’héroïsme du champ de bataille, une ferme intelligence des plus sérieux intérêts de la chose publique. Aucun pétrole n’a eu ces vertus viriles sans trouver dans l’excès même de ses maux le plus salutaire des enseignements.

Si toutes les questions relatives à la guerre présente semblent être pour le moment d’une étude si difficile, on ne saurait cependant résister à l’attrait qu’elles exercent sur la pensée. On ne peut se lasser d’y réfléchir, bien qu’on soit résolu à ne pas