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LES
FINANCES DE L'ANGLETERRE
DEPUIS LES REFORMES DE ROBERT PEEL
1842-1859

Pour subvenir aux frais de la guerre qu’elle eut à soutenir de 1793 à 1815 contre la France, l’Angleterre avait dû non-seulement augmenter ses anciens impôts, mais en créer de nouveaux, et après la conclusion de la paix un seul, l’income-tax, devenu odieux au pays, fut supprimé. Quant aux autres, ils furent tous conservés tels qu’ils étaient, soit parce que le maintien en fut jugé nécessaire pour acquitter les engagemens contractés, soit aussi, en ce qui concernait la majeure partie des taxes de douane, parce que le maintien en fut réclamé par plusieurs branches de l’industrie indigène habituées à vivre sous la protection de ces taxes. Aussi dans un pamphlet à l’adresse des États-Unis le spirituel Sidney Smith faisait-il de la situation fiscale de l’Angleterre en 1820 un piquant tableau. « Nous devons, disait-il, apprendre à Jonathan quelles sont les conséquences inévitables d’un trop grand amour de la gloire. Ce sont des taxes sur tous les objets entrant dans la bouche, ou couvrant les épaules, ou placés sous les pieds de l’homme, — des taxes sur tout ce qui est au-dessus et au-dessous de la terre, ou dans les eaux, — des taxes sur tout ce qui vient de l’étranger ou qui est produit à l’intérieur, — des taxes sur les matières premières ou sur le surcroît de valeur qui leur est donné par l’industrie de l’homme, — des taxes sur les assaisonnemens qui flattent l’appétit, sur les substances qui peuvent rendre la santé aux malades, sur l’hermine qui orne la robe du juge, sur la corde qui pend le