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LE
SERVICE DE SANTE
DES ARMEES
AVANT ET PENDANT LE SIEGE DE PARIS


I

L’heure n’est pas venue de raconter l’ensemble de tous les services rendus par le corps de santé militaire pendant la campagne de 1870 et au siège de Paris. Le docteur Larrey, le docteur Nélaton, le docteur Chenu et leurs dignes émules sont en ce moment les acteurs infatigables de cette triste et glorieuse histoire. Après l’avoir faite, il leur appartiendra de l’écrire. Mon dessein est plus modeste : je voudrais raconter les origines du service de santé des armées, honorer la mémoire des deux grands hommes qui le personnifient, Ambroise Paré au XVIe siècle, Dominique Larrey au XIXe, exposer l’organisation actuelle de ce corps militaire, exquisser enfin les premiers résultats de la convention de Genève et de la fondation des sociétés de secours aux blessés. C’est particulièrement sur les médecins et les chirurgiens de l’armée que je voudrais appeler l’attention et l’intérêt. L’opinion a été longtemps ingrate, et la loi est encore injuste, à mon avis, envers ces bons serviteurs de la patrie et de l’humanité. On ne saurait trop plaider une cause si digne de nos sympathies, et c’est le devoir de tous depuis que les malheurs de la France ont fait un soldat de chaque citoyen.

L’histoire de cette partie de nos institutions militaires offre d’ailleurs au moraliste autant qu’à l’homme de guerre un spectacle attachant. Elle peut se diviser en quatre périodes bien distinctes. Avant le XVIIe siècle, il y a déjà partout des hôpitaux sédentaires,