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tances. Nul doute qu’il n’ait eu une grande part aux actes de cette mémorable assemblée. Pendant qu’il y siégeait, il écrivit, ce semble, de nouveaux pamphlets, en particulier sa Quæstio de potestate papæ. — Il est possible aussi que Du Bois, après l’attentat d’Anagni, ait été du nombre de ceux qui cherchèrent à détendre la situation terrible qu’avait créée l’audace de Nogaret. Un écrit confidentiel remis à Philippe le Bel vers décembre 1303, et où l’auteur offre mystérieusement de révéler au roi des moyens pour le tirer d’embarras, paraît être de lui.

On sait avec quelle fureur Philippe, non satisfait par la mort de son rival, poursuivit la mémoire de Boniface. Du Bois fut encore le publiciste du roi dans cette nouvelle campagne. Reconnaissant la nécessité d’appels énergiques à l’opinion, Philippe, comme l’avait déjà tenté l’empereur Frédéric II avec moins de suite et de succès, résolut de faire au pape défunt une guerre de manifestes et de pamphlets. À ce propos, Du Bois publia un opuscule anonyme intitulé la Supplication du peuple de France au roy contre le pape Boniface le huitième. Cet écrit est en langue française, et fut certainement destiné à une grande publicité. On en fit de nombreuses copies. Le peuple de France y intervient pour supplier le roi de garder la souveraine franchise de son royaume. Philippe y est requis de « déclarer, pour que tout le monde le sache, que le pape Boniface erra manifestement et fit péché mortel notoirement en ses lettres bullées. » Le roi possède le droit d’agir ainsi en qualité de « par herege[1] défendeour de la foi et destruieur de bougres. » Comme tel, il est « tenu requerre et procurer que ledit Boniface soit tenus et jugiez pour herege[2], et punis en la manière que l’en le pourra et devra et doit faire emprès sa mort. »

Pendant qu’il prenait part aux plus grandes affaires de l’état, Pierre Du Bois conservait son titre d’avocat royal à Coutances. En 1302, nous le voyons ajouter à ses titres celui de procurator universitatis ejusdem loci, c’est-à-dire avoué de la ville dans les procès qu’elle pouvait avoir à soutenir, et procureur ou représentant de ladite ville aux états-généraux. À partir de 1306, il s’intitule « avocat du roi pour les causes ecclésiastiques, » ce qui semble supposer que ses attributions s’étaient accrues, ou, pour mieux dire, que ses plans de l’an 1300 avaient été suivis, et qu’on l’avait chargé de réprimer les abus dont il s’était déclaré l’ardent adversaire. Les avocats royaux pour les causes ecclésiastiques ne paraissent en effet que vers ce temps. Ils étaient établis auprès des

  1. Héritage.
  2. Hérétique.