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une armée suffisante en terre-sainte, reviendront par la Grèce, ils feront très bien d’attaquer, au profit de Charles de Valois, l’injuste détenteur Peryalogus (Paléologue), s’il ne consent pas à se retirer. Il serait convenu que Charles, après avoir pris possession de l’empire grec, se trouvant plus près de la terre-sainte que les autres rois, y porterait secours toutes les fois que besoin serait, relevant de cette charge les rois plus éloignés, excepté le roi d’Allemagne. De cette manière, les nations catholiques posséderaient en paix toutes les rives de la Méditerranée, et les Arabes se trouveraient forcés d’échanger les produits de leur pays avec les catholiques. On aura soin d’assigner aux hommes habitués à combattre sur leur sol natal, comme les Espagnols, les cités et des camps situés sur les frontières de la terre-sainte, afin qu’ils les défendent en paletant contre l’ennemi, soit seuls, soit avec l’aide des autres chrétiens.

Il convient donc de supplier le pape d’appeler à un concile général les prélats, les princes catholiques, les rois, sans oublier Peryalogus, détenteur de l’empire de Constantinople, et le détenteur du royaume de Castille, ainsi que ses neveux (les La Cerda), enfin le roi d’Allemagne avec ses électeurs. C’est à Toulouse qu’il paraît opportun de convoquer le concile. Quand cet écrit sera transmis au roi d’Angleterre, qu’il veuille bien le faire examiner promptement et en secret par des frères prêcheurs ou mineurs, qui en retrancheront ou y ajouteront ce qui leur paraîtra convenable. Que l’opuscule corrigé soit adressé au pape par l’intermédiaire de sages et discrètes personnes, mais qu’on ait soin de ne le montrer qu’aux secrétaires jurés et aux conseillers intimes du souverain pontife, car il est certain qu’une œuvre si pieuse aura, par le fait de Satan et des mauvais anges, beaucoup d’adversaires envieux.

L’auteur termine en relevant les avantages temporels que retireraient de ce plan le pape, le roi de France, ses frères et ses enfans, les rois de Sicile et d’Allemagne, Ferdinand d’Espagne et son frère (les La Cerda). Le pape Clément V, une fois les guerres terminées et la direction ainsi que la possession de ses biens temporels abandonnées à perpétuité au roi de France pour une pension annuelle, pourra échappé aux pièges empoisonnés des Romains et des Lombards, vivre de longs et beaux jours dans sa terre natale du royaume de France, parce que les ultramontains ne s’empareront plus des gras bénéfices de nos églises. La fourberie est naturelle aux Romains. Voulant nous fouler sous leurs pieds, n’ont-ils pas osé tenter, chose inouïe ! de revendiquer la suprématie temporelle sur le royaume et sur le roi de France ? Puisque le pape romain a fait abus de sa puissance, et cela en tant que romain, il est juste que les Romains perdent pour longtemps un si grand honneur. Si le pape, continue Du Bois, doit rester longtemps dans le royaume de France, il