Entouré de chefs aguerris,
Il vint, le superbe jeune homme,
Installer son camp devant Rome,
Comme toi, Fritz, devant Paris.
Heure terrible et solennelle !
L’éclair déchirait l’horizon ;
C’était l’an mil ! — la trahison
Lui livra la ville éternelle.
Il y mit le pied en vainqueur,
Après soi tramant ses barbares ;
Mais en vain sonnaient les fanfares,
L’ennui déjà rongeait son cœur.
Une nostalgie inconnue
Le consumait jusqu’à la mort.
« Malheur à toi, l’homme du nord ! »
Lui criaient les voix de la nue.
Il languissait, il se mourait,
Lui si vaillant et si superbe !
Sous ses pieds se desséchait l’herbe,
Ce sol sacré le dévorait.
Hohenzollern, prince néfaste,
Songe au Souabe couronné ;
Le même sort t’est destiné :
Celui-là périt qui dévaste !
Celui-là sombrera qui vient,
Au mépris du saint et du juste,
Démembrer une terre auguste,
Un grand peuple qui s’appartient !
Prince, l’histoire a son génie
Que nul ne brave sans danger ;
On peut un moment l’outrager,
Mais l’injure sera punie.
Et plus tard viennent les retours,
Plus lourde sur vous sa main tombe !
Ton père sera, dans sa tombe,
Étendu depuis de longs jours ;
Bismarck et ses boucs émissaires,
Et Moltke et Charles-Frédéric,
Dormiront avec Genseric
Dans les humides ossuaires,
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