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douée d’un pouvoir éclairant considérable dû à la présence de particules très fines de chlorure de sodium dans le gaz dégagé, et non à la composition particulière de celui-ci, dont l’élément dominant est toujours le gaz des marais.

Outre les modifications que les salzes éprouvent sous l’influence des agens atmosphériques, il est des changemens plus profonds qu’elles subissent en devenant accidentellement le siège de phénomènes éruptifs particuliers. La salze de Sassuno, dans le district de Castel-San-Pietro, offre un exemple de ce fait ; elle est située au-dessous du village, sur un étroit plateau entouré de ravins profonds dans lesquels circulent les eaux de deux torrens qui vont se jeter plus loin dans le Silaro. De l’autre côté des ravins se dressent de grands escarpemens d’argile bleuâtre que surmontent des champs cultivés. Le petit plateau est composé aussi de la même argile. La salze qui s’y observe, bien qu’existant probablement de toute antiquité, n’est connue des géologues que depuis 1839, époque où elle a été indiquée par le professeur Bianconi de Bologne. « Elle était à cette époque dans l’état de calme le plus parfait ; mais un tel calme, au dire des gens du voisinage, ne datait que de quelques années. L’aspect du lieu annonçait en effet une crise arrivée depuis peu de temps. Tout le sommet du plateau ressemblait à un champ labouré avec des sillons profonds de quelques pieds ; la crête placée entre ces sillons était aiguë et tranchante… Le terrain soulevé ne paraissait pas avoir formé de coulée de quelque étendue ; mais il s’était simplement déversé sur le bord des fentes et y avait couvert en partie l’herbe et les joncs qui existaient en ces points. Au milieu de l’éminence, on voyait un espace allongé dont le grand diamètre avait environ 6 palmes, et dans lequel sortait en trois points une fange très liquide. Les bulles s’y succédaient inégalement, à quelques secondes d’intervalle, précédées du murmure souterrain habituel. Chacune était grosse comme un œuf, et s’allumait au contact d’un corps enflammé. Sur la boue coulait un mince filet de bitume noir. Il n’y avait aucune espèce de cône. » En 1869, l’aspect de ces terrains se trouvait un peu modifié. Au lieu de plusieurs sillons, la salze n’en présentait plus qu’un seul. Dans le milieu se trouvait une sorte de bourrelet volumineux soulevé en forme de crête ; sur l’emplacement des autres saillies, le sol s’était pour ainsi dire nivelé. Nul dégagement gazeux ne se produisait à la surface de l’amas ; mais tout alentour de nombreuses bulles de gaz s’échappaient du sein d’une boue demi-fluide formant çà et là de petites mares salées dont l’approche n’était pas sans danger, car en plusieurs points l’argile du terrain, desséchée et durcie par l’évaporation, ne constituait qu’une couche mince recouvrant un amas boueux de profondeur inconnue. Quel-